vendredi 28 décembre 2007

L'origine de l'empire du Japon (suite)

Depuis que le prince Shotoku a adopté le bouddhisme comme la religion d'Etat, le Japon a connu une floresence de la culture bouddhiste surtout à Nara. Le premier chef religieux à qui on peut attribuer le titre d'empereur est Monmu (règne 696-707). Nara fut la capitale pendant le huitième siècle, avant de transférer à Kyoto. Et Murakami (r.946-967) était le dernier chef religieux qui ait eu le titre de l'empereur (tenno) après sa mort pendant 900 ans. Les chefs religieux suivants n'avaient qu'un titre bouddhiste comme les autres en tant que personnes décédées.
Celui qui s'est fait donner cette appellation archaïque au dix-neuvième s'appelle Kokaku (r.1779-1817, mort en 1840). Il a succédé à Gomomozono, mort à l'âge de 22 ans. La famille de chef religieux n'avait plus d'enfants mâles, et la mère de Gomomozono, Gosakuramachi est la dernière femme dotée de pouvoir religieux en date.
Cependant, Araï Hakuseki (1657-1725), savant et politique, avait fondé une branche de famille impériale pour prévenir cette situation. Kokaku est un arrière-petit-fils du chef religieux Higashiyama (r.1687-1709). Kokaku a voulu fortifier le statut de sa famille, et il a fait ressusciter beaucoup de "traditions" disparues au haut moyen âge. Et il a choisi le shintoïsme comme sa première religion.
Il faut comprendre le contexte historique. Le dix-huitième siècle a connu un renouveau nationaliste, et il y avait des érudits comme Kamo-no Mabuchi (1697-1769) et Motoori Norinaga (1730-1801), qui avaient découvert la mythologie japonaise avant la rencontre avec la civilisation chinoise. Même si le Japon avait fermé ses frontières depuis le début du 17e siècle pour se mettre à l'abri de la christianisation par les Européens, les Japonais admiraient la Chine sans conditions comme le modèle de la culture, et ils ne croyaient pas qu'il y avait eu des corpus de leurs propres mythes avant la rencontre avec le continent. Mais ces savants "nationalistes" ont voulu démontrer que les Japonais avaient bien leur propre culture. Ces hommes de lettres "nationalistes" ont fait quelque chose qui me feraient penser à la fois à Martin Luther et à Nietzsche, et j'ai bien du respect pour eux.
Mais c'est Kokaku, issu d'une nouvelle branche de la famille de chef religieux, qui a pleinement profité de cette redécouverte par les érudits. Ses ancêtres s'étaient contentés de se donner le titre de bouddhiste après leur mort comme tous les communs pendant 900 ans, mais il a voulu récupérer le titre éminent de l'empereur (tenno). Il existe des senryu (petits poèmes satiriques ayant la même forme que le haïku) de l'époque qui s'étonnent de la réapparition inattendue de cette appellation désuète.
Auparavant, le shintoïsme était une croyance populaire accessoire du bouddhisme, mais Kokaku a renversé l'ordre. Désormais, c'est cet animisme qui est la première religion d'Etat. Kokaku a pu le faire grâce aux études méticuleuses des savants nationalistes (des "humanistes" au Japon?). Le shogunat de Tokugawa qui gardait le pouvoir depuis le début du 17e siècle s'affaiblissait à cause de famines répétées et de demandes des Occidentaux. pour une ouverture des frontières. Et le peuple déçu par le shogunat en appelait de plus en plus au nouvel empereur qui a choisi le shintoïsme. Il ne faut pas oublier que la religion de ces guerriers était le bouddhisme du courant zen.
C'est à l'occasion de sa mort en 1840 que Kokaku a eu le titre de l'empereur. Et l'an 1854 connaît l'ouverture des frontières. La "restitution" du pouvoir politique au chef religieux, désormais appelé l'empereur (tenno) sans surprendre personne, a été faite en 1867, après presque 700 ans de règne de samouraïs. L'empereur Meiji, qui s'est fait déclarer chef d'Etat, est l'arrière-petit-fils de Kokaku. C'est pour préparer son règne qu'on a fait clairement séparer le bouddhisme et le shintoïsme. (Les religieux shintoïstes vivaient souvent aux temples bouddhistes jusqu'en 1867.) Mais son règne était plutôt tempéré. C'est sous le règne de Showa, connu sous le nom de Hirohito, qu'est arrivée la folie.
Akihito, l'empereur actuel, est le septième empereur de la dynastie au plus, qui n'est nullement la plus ancienne du monde, mais une des plus récentes. Plus sérieusement, il n'est que le quatrième empereur depuis la "restitution".
Vous ne devez pas reprocher aux Japonais que vous connaissez s'ils n'ont jamais entendu parler de Kokaku. C'est ce qu'on apprend jamais aux écoles...

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mardi 25 décembre 2007

Les Japonais ne fêtent pas Noël

D'abord, je vous souhaite de joyeuses fêtes de fin d'année à vous tous, quoi que soit votre confession, croyants ou non croyants.

Non, les Japonais ne fêtent pas Noël, à moins qu'il s'agisse d'une campagne commerciale. La preuve est assez simple. Personne ne se dit ni "Joyeux Noël" ni "Bonnes fêtes" à cette période d'année. Par contre, on se dit (traduction approximative) "On est occupés", "Vous devez être occupé vous aussi". Ce qui veut dire qu'on prépare activement la festivité du nouvel an. Et la télé ne transmet même pas la bénédiction urbi et orbi au Japon, alors que le pape prononce bien la bénédiction également en japonais. Je suis désolé pour lui. Le 25 n'est pas chômé, mais le 23 est bien un jour férié. C'est l'anniversaire de l'empereur actuel.
Il est vrai que les Japonais fassent la décoration de Noël dans les quartiers commerçants des villes très grandes (il n'y a pas d'arbre de Noël, de caractère public, à Aomori que j'habite, une ville de 300.000 habitants tout de même), mais on enlève le sapin dès le matin du 25 décembre. L'arbre de Noël n'est qu'une grande publicité pour faire acheter des cadeaux pour les enfants.
On suppose que les Japonais ont commencé à imiter Noël, seulement pour cadeaux, depuis l'occupation américaine. Ils étaient très démunis après la Deuxième Guerre mondiale, et les Américains faisaient parade de leur richesse surtout à cette période d'année pour Noël. Les Japonais les ont enviés, et dès qu'il leur a été possible d'acheter des cadeaux aux enfants, ils ont été prompts à le faire. Ce nouveau comportement de consommateurs a été un symbole du développement économique des années 50-60.
Vous ne devez pas demander aux Japonais "Comment dit-on Joyeux Noël en japonais?", car vous serez déçu par la réponse. Ils vous répondent "Merry Christmas", puisqu'il s'agit d'une simple imitation des Américains, sauf pour les chrétiens qui représentent moins d'un pour cent de la population. (Le pape dit à urbi et orbi "Christmas omédéto", mais personne ne le dit en réalité). Il n'y a pas non plus de chansons de Noël. Et je me suis aperçu que, curieusement, la plupart des Japonais ne disent pas la vérité aux Français. Je veux dire qu'ils n'avouent pas franchement que ni une expression qui corresponde à Joyeux Noël ni des chansons de Noël n'existent pas en japonais. J'ai bien du mal à comprendre mes compatriotes. Je parle souvent de l'affabilité hypocrite des Japonais.
Une fois, j'ai entendu à la radio, RTL ou Europe 1, un quiz: "Les Japonais ne fêtent pas Noël, mais quelle fête célèbre-t-on le 24 décembre là-bas?" Bien que je sois un bon Japonais presque exemplaire, je ne connaissais pas la réponse, et j'en étais très curieux. Et la réponse fut "la fête des amants"... Mais quel imbécile aurait pu fournir cette réponse stupide?
Je vais donner l'explication. Pendant la période de la "bulle" économique des années 80-90, on a construit beaucoup d'hôtels sur le littoral de Tokyo. Et les étudiants passaient le nouvel an généralement chez leurs parents dans les provinces suivant les traditions. Comme la "bulle" était une folie, même les étudiants étaient assez aisés. L'hôtellerie n'a pu manquer de le remarquer, et elle en a profité. Elle a fait la promotion du genre: Désormais, passez la nuit romantique du 24 décembre dans une chambre d'hôtel. Et des étudiants ingénus, pour ne pas dire naïfs, ont été facilement abusés par cette campagne commerciale. Le comble du ridicule est qu'il y avait des étudiants mâles, n'ayant pas de succès auprès des filles, qui réservaient une chambre pour Noël prochain plusieurs mois avant, pour se donner la motivation d'en séduire une. On dit qu'il existe toujours des garçons de ce type. Il vaudrait mieux qu'ils mettent en cause leur sexisme... (Le problème est que les filles ne sont pas meilleures qu'eux. Les Japonaises ne sont pas du tout "fémistement éveillées", et j'ai l'impression qu'elles refusent elles-mêmes d'ouvrir les yeux. Il y a quelque chose de désespéré chez elles. Philippe Sollers (je garde toujours du respect pour lui, mais je ne peux nier qu'il était beaucoup mieux autrefois) a dit dans H: Le plus grand ennemi de la libération des femmes est les femmes.)
On ne peut donc pas parler de la fête des amants au Japon, et si c'est une fête, ce n'est qu'une fête de l'hôtellerie au littoral de la baie de Tokyo, qui regrette la "bulle" des années 80-90. Il y a quelque chose de triste là-dedans. Ah, oui. Noël est souvent quelque chose de triste, nan?
Ainsi, le Noël représente-t-il le pire du capitalisme au Japon. Comme un athée, je ne connais pas l'esprit de Noël, mais je pense que cette caricature est un peu trop exagérée.

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P.S. Le 1er janvier est la fête du nouvel an normalement. Mais traditionnellement, les femmes ne célèbrent que le "petit nouvel an" le 15 janvier, car ce sont elles qui préparent la grande festivité. Elles n'ont pas le temps de la fêter le jour même, affairées à servir les hommes. Je parle d'une tradition désormais désuète depuis quelques décennies, mais on garde la mentalité. Malheureusement.

vendredi 21 décembre 2007

L'origine de l'empire du Japon

Ce fut une question sur l'émission de Jean-Luc Reichmann. Le quantième empereur est l'empereur japonais actuel Akihito?
(Au fait, ça me fait toujours marrer d'entendre ces noms "imprononçables" de la bouche des Français. Ce que je veux dire par le mot "imprononçables": Ces noms de dieux vivants, Mutsuhito ou Hirohito, ne devaient pas être prononcés par leurs sujets avant la fin de la guerre du Pacifique, un peu comme le nom de Yahvé. C'était une lèse-majesté. Donc, il arrive que les abolitionnistes de l'empire les prononcent ostensiblement au Japon aujourd'hui. Le nom du prince actuel Naruhito était marqué sur les journaux français. Franchement, je ne savais pas comment il s'appelait. Laurent Ruquier a dit une fois à la radio que Hito était leur nom de famille, mais je ne sais pas s'il plaisantait ou non. Pour le nom de famille de l'empereur, il faut j'écrive un autre article.)
La réponse à cette question fut le 125e. Il est vrai que c'est marqué partout ainsi, même sur les encyclopédies qui ont l'air sérieux. Mais cela ne veut pas dire que cette réponse n'est pas polémique pour les Japonais, car elle suit sans réflexion sérieuse l'histoire "officielle" du Japon d'avant-guerre, qui prétend que la lignée familiale de l'empereur est ininterrompue depuis 660 avant Jésus-Christ.
Du moins sait-on désormais que les neuf premiers empereurs n'ont jamais existé. Ce sont des personnages mythiques. Les manuels d'histoire en tiennent compte généralement dorénavant, bien qu'il existe toujours des gens qui croient au mensonge.
Par exemple, le 11 février est un jour férié au Japon, qui commémore la fondation du pays par l'empereur Jinmu en -660. Les historiens critiquent le gouvernement, mais il leur répond par un sophisme incompréhensible: Ce jour férié ne s'appelle pas l'anniversaire de la fondation du pays, mais l'anniversaire de fondation du pays. En plus, beaucoup de jours féries qu'on fête aujourd'hui, comme le jour de la culture ou le jour du travail (le 23 novembre au Japon), correspondent curieusement à ceux d'avant-guerre qui avaient rapport avec l'empereur, mais le gouvernement prétend que ce n'est qu'un hasard...
On peut soupçonner plusieurs interruptions de dynastie dans l'histoire, mais la plus évidente est celle de l'époque de Deux Cours au quatorzième siècle.
Depuis la fin du douzième siècle, l'empereur n'avait plus de pouvoir politique, et c'était le shogun, le leader des samouraïs, qui était le chef d'Etat. Un empereur s'applant Godaïgo a voulu récupérer le pouvoir en profitant de la fragilité du shogunat, à qui un général ASHIKAGA Takaüji a donné la main. Mais celui-ci a trahi celui-là juste après le renversement du shogunat. Ashikaga lui-même a voulu prendre le siège du chef d'Etat, mais il lui fallait un empereur, chef religieux, qui lui accorde officiellement le pouvoir divin. Donc il a fait fabriqué une autre cour pour lui-même. Godaïgo a fui Kyoto (le nom voulant dire la Capitale) pour fonder une autre cour qui serait normalement authentique à Yoshino dans la péninsule de Kii (actuellement dans le département de Nara). Cette cour, authentique mais non légitime, va disparaître dans moins de cent ans.
L'empereur actuel est descendant de la cour fabriquée par Ashikaga. Au Japon "démocratique" après la Deuxième Guerre mondiale, est apparu un homme, soi-disant descendant de la cour authentique de Godaïgo, en prétendant qu'il serait l'empereur authentique, mais il a perdu son procès, victime du sophisme abracadabrant "L'empereur ne peut pas être soumis au procès". D'ailleurs, il avait été déjà dit que la cour de l'empereur Meiji, qui continue jusqu'à nos jours, était inauthentique déjà en 1911, par la déclaration de Meiji lui-même. L'hystérie nationaliste, qui a nié tout le rationalisme, n'a commencé que dans les années 1930... (à suivre)

P.S. J'ai donné l'an 702 comme la date de la naissance du pays du Japon, mais je précise que l'argument est fondé sur la découverte archéologique relativement récente de la fin des années 1980. En tout cas, même s'ils ne sont pas au courant de la nouvelle tendance de l'histoire du Japon, les Japonais sérieux doivent dire que le pays du Japon n'a été fondé qu'au haut moyen âge, à peu près du sixième siècle au huitème siècle.

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lundi 17 décembre 2007

Depuis quand le Japon existe-t-il?

Les gouvernements des pays asiatiques, qui ont été victimes de l'expansionnisme du Grand Empire du Japon à la première moitié du vingtième siècle, critiquent souvent les dirigeants japonais, en disant que ceux-ci refusent de reconnaître leurs atrocités pendant la guerre. Mais je dois dire que ce sont plutôt les Japonais qui seraient la première victime de cette attitude du gouvernement japonais, car ils sont obligés de rester dans l'ignorance de leur propre histoire. Le gouvernement impérial de la seconde moitié du dix-neuvième siècle a fabriqué une histoire pleine de mensonges, et on n'a pas rétabli la vraie histoire du Japon, même maintenant, pour les manuels d'histoire qu'on utilise aux écoles.
Première question importante. Depuis quand le Japon existe-t-il? La réponse est simple et assez claire. On peut dire que le pays du Japon n'existe que depuis 702 après Jésus-Christ. Non, ce n'est pas un pays tellement ancien. Mais qui connaît cette réponse? Demandez à un Japonais, si vous en connaissez un. Je parie qu'il ne la connaît pas. Au pire, il vous répondra que le Japon existe depuis la nuit des temps. S'il vous dit que ce nom puise son origine dans la lettre du prince Shotoku datant de 607, je peux vous dire que vous connaissez un bon Japonais. Mais le règne de ce prince se situe au berceau du pays. Il faut attendre encore presque cent ans pour que le pays porte diplomatiquement le nom du Japon (Nihon ou Nippon en japonais).
L'an 702 est la date où le gouvernement japonais a envoyé un messager auprès de l'impératrice chinoise Wu Zetian, avec une épître qui portait le nom du Japon dans laquelle il est précisé qu'il est dominé par l'empereur, appelé le roi auparavant. C'est avec cette lettre que le gouvernement japonais a déclaré auprès de la Chine que c'était désormais un empire appelé le Japon dont le nom avait été Yamato jusque là. Et puis, on a interrompu l'utilisation du titre d'empereur depuis la fin du dixième siècle jusqu'au milieu du dix-neuvième siècle, parce que tous ceux appelés empereurs par l'histoire révisionniste étaient plus bouddhistes que shintoïstes pendant ces 900 ans. L'empereur moderne qui n'existe que depuis 150 ans est représenté comme le chef du shintoïsme. C'est pour cela que les gens ont inventé le mensonge qui prétendait que tous les chefs religieux au Japon étaient plus shintoïstes que bouddhistes. (En réalité, ces deux religions n'étaient pas clairement séparées jusqu'en 1868, le début du règne de l'empereur Meiji, autrement appelé Mutsuhito.)
Les Japonais ont presque inventé le révisionnisme. Dès la seconde moitié du dix-neuvième siècle, ils ont fabriqué une histoire du peuple japonais dont le seul centre est l'empereur depuis la fondation du monde. Mais ce ne sont que des mensonges qui ne pourraient tromper personne normalement. Il est curieux que même les Occidentaux nipponophiles y croient sans se poser trop de questions!
D'ailleurs, les Japonais ne connaissent même pas la date d'armistice de la guerre du Pacifique qui commence par l'attaque de Pearl Harbor. La date exacte est le 2 septembre 1945, mais on croit généralement que l'anniversaire de la fin de guerre est le 15 août. Mais ce n'est que le jour où l'empereur est apparu pour la première fois à la radio pour ordonner à ses sujets d'arrêter la guerre. La fin de guerre doit être un accord entre les pays, mais les Japonais ne le savent même pas.

P.S. Les études récentes veulent prouver que le prince Shotoku n'a jamais existé. Il sera probablement un personnage fictif (qui serait un autre nom donné à Soga-no Umako par hasard) dans quelques années.

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vendredi 14 décembre 2007

L'anniversaire du massacre de Nankin

Le 13 décembre était le 70e anniversaire du massacre à Nankin par l'armée japonaise. On aurait le droit de le comparer aux atrocités des nazis, mais je dois préciser qu'il existe une différence importante que ce massacre n'a pas été une tuerie froide par les fonctionnaires sous l'ordre de l'Etat. Par contre, ce fut un dérapage du grand nombre de soldats excités. On peut toujours supposer que ce dérapage a été cautionné par le gouvernement japonais, mais on ne peut pas les confondre au fond. Ce sont deux phénomènes distincts du fascisme du vingtième siècle. D'ailleurs, les Chinois qui vivaient dans leur pays envahi par les Japonais et les Allemands d'origine juive n'ont pas le même statut historico-sociologique. En tout cas, ça ne change pas grand'chose pour les personnes inhumainement violées et tuées.
Le Japon est un pays où les négationnistes n'ont pas besoin d'avoir honte. Il y aurait des Français qui nous envieraient. Le média ne parle presque pas ici au Japon de cette atrocité perpétrée par nous-mêmes. Je cite des articles sur cet anniversaire (en anglais).
Reevaluating the Rape of Nanjing
China recalls war massacre with sirens
China marks 70th anniversary of Nanking Massacre

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mardi 11 décembre 2007

Kunio - Internautes racistes au Japon

Le ministre de la Justice Kunio Hatoyama a fait exécuter trois condamnés à mort. Mais quelle est sa motivation? Depuis le début du nouveau gouvernement de Fukuda au mois de septembre, il disait qu'il voulait l'exécution "automatique" comme le tapis roulant. Je ne sais si cette comparaison est de lui-même ou de journalistes. Il ne voulait surtout pas signer le papier, alors que la signature du garde des sceaux est obligatoire pour l'exécution actuellement. Tout le monde a supposé que c'était à cause de sa lâcheté, sans le dire publiquement. Pour être journalistes politiques, il faut être ami-ami avec les politiciens au Japon. Ils sont trop polis pour dire ce qu'ils pensent. Ce ministre au petit coeur voulait montrer qu'il n'était pas lâche par ces exécutions. Oui, j'admets qu'il n'est pas lâche. C'est un homme ignoble et infâme pour avoir donné la mort pour son petit amour-propre.

Un site aux news qui s'appelle "News stupides" publie un article: En Corée du Sud, des ordinateurs des personnes qui ont téléchargé des logiciels de jeux Nintendo par le site P2P ont été contaminés par le virus. Certains parmi eux soupçonnent que c'est Nintendo qui l'y a mis exprès. Qu'est-ce que vous en pensez? Pour moi, leur réaction est compréhensible, tout en admettant que le téléchargement illégal n'est pas vraiment recommandé. Et quels sont les commentaires des internautes? Je ne pense pas que ce site soit un site particulièrement raciste, mais je pensais que c'était un site "fun". Son hôte de service "2ch" n'a pas bonne réputation, son patron est connu de ne jamais payer l'amende pour les incitations aux crimes par des internautes sur ses sites, mais le service a toujours une haute popularité. Et il est curieux que ce chef de service attire sur lui l'adulation des gens de l'informatique...
J'ai vu tous les commentaires qui ne sont pas moins nombreux que 500 pour ce fait divers. Et 100 pour cent, je répète, 100 pour cent des commentaires étaient de caractère plus ou moins raciste envers les Coréens. (Moi, je n'ai pas ajouté de commentaire, et je crois qu'il y a pas mal de gens comme moi.) "Les Coréen n'ont pas de cerveau." "Nintendo a eu tort d'avoir mis les pieds en Corée." "On ne doit pas vendre les produits japonais aux Coréens." "Je regrette pour Nintendo. Il fallait qu'ils prennent garde des Coréens." C'est carrément incroyable. Je sais que le racisme envers les Coréens est bien ancré dans la mentalité de certains Japonais, mais c'est trop. Cela n'a rien à voir avec l'adversité entre la France et l'Angleterre. Beaucoup pire que le racisme de certains Français envers les Maghrébins. Il est vrai que les Japonais ordinaires ne soient pas vraiment conscients que le racisme est honteux.
Je me souviens que certains de mes amis commençaient à dire qu'il ne fallait pas fréquenter un ami quand j'avais dix ans. Je ne savais pas pourquoi, et d'ailleurs je ne le voyais plus cause embrouilles d'enfants. Il m'a fallu plusieurs années pour comprendre que son patronyme soit d'origine coréenne. Les Japonais croient que les enfants sont ingénus et qu'ils disent la vérité. C'est le comble du ridicule pour moi, mais ce sont les enfants qui prononcent les allocutions aux cérémonies d'anniversaires des bombes atomiques ou de la bataille d'Okinawa. Mais en réalité, les enfants sont méchants et stupides comme ça.
Mais je précise que ce racisme envers les Coréens est beaucoup plus grave dans l'Ouest du Japon que dans ma région du Nord, où ce racisme est le moins senti dans le pays. Je pense que c'est parce que c'est une province délaissée par le développement économique après la Deuxième Guerre mondiale, pays des laissés-pour-compte. En plus, elle restait indépendante de facto du pouvoir central pendant très longtemps, probablement jusqu'à la fin du seizième siècle.
Tokyo a connu un grand séisme en 1923, et une rumeur s'est fait répandre que c'étaient les Coréens qui ont mis le feu pour aggraver la situation. Les autosurveillants ont commencé à faire le lynchage des Coréens. Ils ont demandé aux passagers de prononcer une phrase en japonais au hasard, et tué les gens avec l'accent coréen. Les gens de ma région ont été victimes de cette infamie, car notre accent ressemble à ceux des Coréens.
Mais en tout cas, je suis content que ma région Aomori est citée dans des brochures de certaines agences de voyage en Corée, comme un des dix meilleurs sites touristiques au monde. Je ne pense pas qu'ils connaissent cet épisode tragique dans l'histoire, on dit qu'ils apprécient seulement la nature de ma région, mais qu'importe. Il n'y a qu'eux qui aiment ma région, car le nom d'Aomori n'est qu'un objet de moquerie pour les Japonais, puisque c'est la région la plus pauvre au Japon. Ah, oui, c'est la mentalité des Japonais.

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samedi 8 décembre 2007

Drapeau et hymne japonais (suite)

J'ai été choqué par un jeu télévisé une fois en France. On demandait aux invités de citer les drapeaux avec une ou des étoiles. Quelqu'un a mentionné le drapeau japonais, mais on lui a refusé cette réponse en disant que le rond sur ce drapeau est rouge, alors que le soleil est jaune. Mais le soleil est bien rouge au Japon. Il ne faut pas imposer la culture occidentale aux autres. Par exemple, les feuilles sont "bleues" en japonais. La ville que j'habite s'appelle Aomori, qui veut dire la forêt bleue.
Sinon, je n'aime pas du tout ce drapeau japonais dont l'origine est assez ambiguë. Les Français croient que l'appellation l'Empire du Soleil Levant est poétique, mais en réalité, c'est un nom arrogant pour les Japonais. Vers la fin du sixième siècle, le prince Shotoku, le personnage fétiche de Monsieur Chirac, a envoyé une lettre à l'empereur chinois, qui commence par ces mots: "Du prince du pays au soleil levant au prince du pays au soleil couchant. Salut." C'est cette épître qui a déclaré l'indépendance du Japon par rapport à la Chine.
Le nom du pays du Japon a l'origine chinoise. En mandarin contemporain, le nom est Ripen, mais la prononciation du r chinois est assez proche du j. Le Japon, Nihon ou Nippon en japonais, est un nom diplomatique. L'ancien nom à l'intérieur du pays était auparavant Yamato, qui correspondrait un peu à la Gaule en France. Ce nom du Japon veut dire l'endroit où se lève le soleil. Mais un peu de réflexions évoquent le doute. Pour les Japonais, le soleil se lève-t-il dans leur pays? Mais bien sûr que non. Donc ce nom a été fait du point de vue des Chinois. On peut dire que ce drapeau avec le soleil rouge garde le complexe des Japonais envers les Chinois.
Certains Japonais qui continuent à vivre dans l'idéologie fasciste aiment dire que le Japon existe depuis la nuit des temps, mais en réalité, ce nom a été officiellement utilisé pour la première fois en 702 après Jésus-Christ, cent ans après la lettre du prince Shotoku. C'est également le début de l'empire, mais pas avant, car c'est à cette année que l'on a donné le nom de l'empereur au prince. Eh oui, le Japon n'est pas un pays tellement ancien...
Ensuite, quant à l'hymne Kimigayo (Ton règne), l'origine de la parole est beaucoup plus obscure.
Le texte est très court: "Que ton règne dure mille générations, huit mille générations, jusqu'à ce que les cailloux sur la plage forment une roche et que la mousse pousse dessus." L'interprétation du titre est assez difficile. Veut-il dire vraiment "Ton règne" ou "Le règne du prince"? Le "tu" et le "prince" sont homonymes en japonais. D'où vient ce texte d'ailleurs?
Apparemment, l'origine n'est pas tellement noble. Une hypothèse dit que c'était la parole d'une chanson des geishas. Donc, il ne s'agit pas forcément du prince, mais elles la chantaient pour leurs clients qui étaient souvent des commerçants riches. "Que tes commerces marchent aussi bien mille générations après..." Alors là, je n'aurais plus besoin de détester cet hymne que je croyais impérialiste...
Mais en tout cas, si vous connaissez des Japonais, il faut bien faire attention à leur idéologie. Ils gardent assez souvent l'idéologie d'histoire d'avant-guerre vraiment fantaisiste, à cause de l'éducation. C'est pour cela que je dis que le Japon est un pays du tiers monde dont un trait caractéristique est l'ignorance du peuple sur sa propre histoire.
P.S. J'ai mis un gadget de Google "Le saviez-vous" sur la page de mon iGoogle. Il y avait un article qui disait: "Saviez-vous que les geishas n'étaient pas des prostituées au Japon auparavant?" Je sais bien que les geishas ne l'ont jamais été... Le mot déjà désuet en français "mousmé" veut dire simplement "fille". Il n'y a aucune nuance suspecte en japonais.

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jeudi 6 décembre 2007

Drapeau et hymne japonais

Peut-être que vous ne le saviez pas, mais les drapeau et hymne japonais que vous connaissez ne sont officiels que depuis 1999. On continuait à les présenter aux compétitions sportives comme les JO, mais ce n'était que des conventions. Mais les conventions officieuses peuvent être obligatoires de facto au Japon où la sensibilité démocratique n'est pas bien développée.
S'ils n'ont pas été officialisés depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale jusqu'à la fin du vingtième siècle, il y avait bien une raison. Le drapeau montre le soleil, le symbole de l'indépendance de l'empire du Japon par rapport à l'empire de Chine, et l'hymne est intitulé "Ton règne", où il est question du règne de l'empereur. Ils étaient de l'usage depuis la fin du dix-neuvième siècle, et ils portaient le traumatisme de la période de guerre pour les Japonais. Certains voulaient de nouveaux hymne et drapeau officiels, mais personne n'a osé les créer dans la situation où on continuait à les utiliser comme les symboles du pays. En plus, il y a des substituts officieux de la police, mafieux qu'on appelle yakuzas, qui n'hésitent pas à punir les traîtres d'Etat qui haïssent l'empereur, au lieu du pouvoir officiel. D'ailleurs, on a tendance à oublier le passé qu'on ne veut plus revoir, et les gens de droite ont besoin des symboles de la nation.
C'est un phénomène inconcevable en France, mais le ministère de l'éducation nationale a voulu depuis le début des années 1980 que ces drapeau et hymne nationaux d'avant-guerre, désormais nullement officiels, soient présents aux cérémonies dans toutes les écoles. Le syndicat des professeurs traditionnellement communiste, a levé la voix contre cette mesure absurde et extravagante.
Et puis au mois de mars 1999, un proviseur de lycée à Hiroshima s'est suicidé le matin de la cérémonie de la fin de l'année scolaire, où certains profs ne voulaient ni voir le drapeau sur la scène ni chanter l'hymne. On croit qu'il a été déchiré entre le sentiment nationaliste des parents et la demade orthodoxe de profs.
Après cet incident tragique, le parti libéral-démocrate éternellement au pouvoir a eu l'amabilité de diminuer la peine psychologique de proviseurs, et il a enfin officialisé le drapeau blanc et rouge et l'hymne national le plus lugubre du monde. Et je fais partie de 8 pour cent de la population japonaise qui n'aiment pas ces drapeau et hymne d'avant-guerre. C'est carrément étonnant de constater à quel point les Japonais actuels portent la mentalité nationaliste. (à suivre)

mardi 27 novembre 2007

Qu'est-ce que le mot arigato veut dire vraiment?

D'abord, je donne des précisions sur la prononciation.
Il vaut mieux remplacer le r par le l pour les Français, même si cette consonne est bien le r selon la phonétique, car le bout de la langue tape légèrement la partie antérieure du palais, alors qu'elle ne bouge pas quand on prononce le l. Et la dernière voyelle o est une voyelle longue qui doit être prononcée comme o-o. Si vous ne prononcez que la moitié de la voyelle double, la prononciation s'avère moins polie.
Mais le plus important est la prononciation du g, curieusement négligée dans la plupart des méthodes d'apprentissage de la langue japonaise. Lorsque la consonne g ne se trouve pas à la tête du mot, les Japonais prononcent la consonne nasale. On la trouve dans la chanson: I'm siiiiiinging in the raiiiiin. Il faut le plus souvent prononcer cette consonne nasale si elle ne se trouve pas au début du mot (il y a des exceptions, mais elles sont plutôt rares). C'est pareil pour le mot manga.
Et ce mot est une forme dérivée de l'adjectif arigataï, qui veut dire "rare et précieux". Par exemple, le sutra bouddhique était arigataï au Moyen Age, car les Japonais ne le connaissaient que par le biais des Chinois. Ils croyaient que l'Inde au bout du monde était le foyer du bouddhisme. Ils pensaient que la sainte écriture bouddhiste avaient été un peu transformée par les Chinois, ce qui n'est pas complètement faux. Le vrai sutra était donc rare.
Le mot arigato veut dire à peu près "Votre gentillesse est quelque chose de rare et précieux dans ce bas monde tout comme le vrai sutra". Par conséquent, les Japonais ne prononcent pas ce mot aussi souvent que le mot merci en français. On se contente généralement de dire "domo", qui veut dire "Je ne sais quoi dire". Ce mot passe-partout peut remplacer presque toutes les salutations au Japon. La première o est longue, donc double: Do-omo. Domo arigato est plus poli que arigato tout seul.

P.S. Le mot fait référence au sutra appelé Hokékyô en l'occurence.

L'article suivant: Quel est le sens étymologique du mot kawaïi?

dimanche 25 novembre 2007

Quel est le sens étymologique du mot kawaïi?

Vous avez peut-être déjà entendu le mot japonais "kawaïi", mais quel est le sens originel de cet adjectif? La traduction donne le plus fréquemment le sens comme "mignon" ou "aimable". L'explication s'avère éronnée dans la plupart des cas, car les Japonais résidant en France sont souvent des incultes qui ne connaissent pas bien leur propre langue. Pis, ils n'en sont pas conscients.
D'abord, je dois dire que le raisonnement qui prétend qu'une acception de ce mot est "aimable" vient de l'étymologie dite "populaire", voire non scientifique. Il s'agit d'un phénomène linguistique assez particulier à la langue japonaise qu'est l'emploi arbitraire de caractères chinois. Bien qu'ils soit des idéogrammes, les Japonais les utilisent parfois seulement pour montrer le son, ce qui mène à la confusion grave. On écrit des fois ce mot "kawaïi" avec des kanji 可 (ka) et 愛 (): 可愛い. Ces deux idéogrammes veulent dire respectivement "possible" et "amour". Les incultes arrivent à la conclusion que cet adjectif veut dire "aimable" sans se poser de question. Ne devraient-ils pas être intrigués par l'absence du w, car ces caractères donneraient la lecture kaaïi? Et comment pourraient-ils expliquer l'autre forme de ce mot: kawayui? En vérité, ce mot est un exemple d'emploi phonétique de caractère chinois, et cette utilisation arbitraire n'a rien à voir avec l'étymologie de ce mot.
En réalité, l'ancienne forme de ce mot est kafofayushi (顔映し). L'ancien f se transforme en h, et puis en w. Shi est la terminaison de l'adjectif en ancien japonais. Ce mot est composé de deux éléments, kafo (kao en japonais moderne: visage) et fayushi (brillant). On comprend que la forme kawayui soit plus ancienne que kawaïi. Cet adjectif voulait dire à l'origine "qui fait briller le visage, qui fait rougir". Le premier sens maintenant désuet était "honteux". Ensuite, cela montre le sentiment de la commisération ou de la pitié envers ce qui est faible et petit. L'objet de cet adjectif a besoin de protection, par exemple le bébé. Il est vrai qu'on utilise ce mot dans le sens de "mignon" actuellement, mais il ne faut pas oublier que l'inconscient collectif des Japonais garde cette nuance dont le point de vue est haut par rapport à l'objet. Certaines féministes radicales critiquent l'emploi de cet adjectif pour les femmes, car il présuppose qu'elles ont besoin de protection des hommes. Par conséquent, vous devez comprendre que ce mot "kawaïi" ne soit pas tellement innocent...

P.S. Actuellement sur TV Asahi, la chaîne télé du groupe Asahi Shinbun, on parle de la Libye comme un pays modèle à imiter pour la Corée du Nord, et le fils Kadhafi Seif el Islam y est un héros international dont tous les Européens apprécient la qualité humaine. Toute cette intox pour plaire aux gens qui ont la phobie de la Corée du Nord...

L'article précédant: Qu'est-ce que le mot arigato veut dire vraiment?

mercredi 21 novembre 2007

Asahiru 2

Il y a des discussions sur l'origine du verbe asahiru, "faire de l'intox", mais la plupart pensent qu'il s'agit bien de la fabrication du verbe abésuru, "tout foutre en l'air", dont j'ai parlé à l'article précédent. Ils prétendent que ce mot n'était pas du tout utilisé, mais qu'un journaliste d'Asahi l'a inventé, parce que ce journal déteste l'ex premier ministre Abé. J'ai trouvé une autre discussion.
C'est Sugiyama Koichi, compositeur et sale réac, qui fournit une précision au sens de ce verbe asahiru. Sa passion principale est de répandre le négationnisme concernant l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale. Il dit que le massacre de Nankin n'a pas eu lieu, et qu'il n'y avait pas de prostitution forcée par l'armée impériale. Leur but (je ne sais trop de qui il s'agit, mais il parle de "nous" dans la vidéo où il parle de ce verbe) est de créer des Japonais, mais non pas des cosmopolites. Vous voyez avec qui on a affaire. Pour lui, ce verbe asahiru veut dire "fabriquer de fausses informations, pour dénigrer la nation japonaise". Il est question du ton sympathisant de ce journal pour les peuples de nos pays voisins. Dans ce cas-là, le mot n'a pas été inventé pour Abé probablement. Je crois bien que le verbe abésuru a été inventé par certains internautes, mais non pas par le Asahi. Quant à la "branchitude" de ce mot, c'était peut-être une fabrication maison d'Asahi.
Et Sugiyama pense que la communauté d'internet est l'avenir du Japon. Il y voit des jeunes pleins d'espoir. Pour moi, je crains que la Toile ne soit le foyer du fascisme. Mais il y a toujours une minorité saine.

L'article précédent: Asahiru

mardi 20 novembre 2007

Les internautes sont racistes au Japon

Le Japon prend les empreintes digitales des étrangers
J'ai été vraiment étonné par la réaction des internautes japonais. 95 pour cent des commentaires pour cette actualité sont de caractère raciste. "Rentrez à vos pays si vous ne voulez pas." "Pourquoi vous vous plaignez? Ce n'est que des empreintes digitales!" "Si vous n'êtes pas criminels, pourquoi vous ne fournissez pas vos empreintes digitales?" "Je ne comprends même pas pourquoi on en parle. Quelle sottise." Tout ce que j'ai pu trouvé de positif dans les commentaires était: "Si j'étais à leur place, je n'aimerais pas qu'on prenne mes empreintes digitales." Mais ces mots normaux ne sont rien contre la majorité écrasante.
Récemment, une école des langues étrangères a fait une banqueroute, et beaucoup de profs (anglophones pour la plupart) ont perdu leur boulot sans aucune indemnité. Les internautes affluent pour les calomnier. Par exemple, "Tout ce que vous vouliez, c'était de coucher avec les Japonaises." C'est la mentalité de la majorité nette. J'ai déjà dépassé le stade pour avoir honte. Je sais bien que les internautes qui font le commentaire ne représentent pas la sensibilité des Japonais, mais on ne peut nier que ces pages sont bien là sur la Toile.
Washington invite le Japon à s'abstenir de chasser la baleine
Le silence radio sur ce problème au Japon est plus qu'intrigant. Je ne lis que des news en français et en anglais. Mais il n'y a aucun article sur les journaux, et la télé n'en parle pas. Les journalistes japonais sont mercantiles, ils ne parlent que des choses qui plaisent à leurs clients. C'est probablement la raison.


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lundi 19 novembre 2007

Asahiru

J'ai trouvé ces articles du Courrier International d'il y a quelques années.
Drapeau et hymne du Japon
Etrangers au Japon
Asahi Shinbun est le journal de référence pour les infos japonaises du Courrier International. Mais j'ai déjà dit que la bien-pensance de ce journal est très énervante. Et en plus, le choix des articles du Courrier International est bien tendancieux. Il veut faire croire que le Japon est un pays désespéré!
Ces jours-ci, on parle du "mot de l'an 2007", et le mot "asahiru", faire du Asahi, voire asahiser, est nominé. La bien-pensance du Asahi n'a rien à voir avec celle de Rue89 par exemple, et il pousse la justice injuste jusqu'à fabriquer de fausses informations. On se souvient qu'un journaliste d'Asahi a mutilé le corail, pour "dénoncer" les pollueurs de la nature. Donc le sens de ce verbe asahiru est "faire de l'intox". Ce mot a peut-être été inventé par des réacs qui croient que ce journal "rouge" reste toujours de gauche je ne sais pourquoi. Les vrais gens de gauche détestent ce journal qui n'est qu'une caricature.
Bien sûr que le mot asa-hiru veut dire "matin et midi" en japonais normal.
Un autre mot, qui n'est curieusement pas nominé, est abésuru, faire Abé (abéniser ). Le précédent premier ministre Abé a démissionné brusquement, et apparemment sans aucune raison justifiée, donc ça signifie "tout foutre en l'air". "Je vais faire Abé aujourd'hui" veut dire "Je vais rentrer chez moi plus tôt que d'habitude. J'ai pas besoin de me justifier, nan? (car même le premier ministre le fait)".
On pense que ce mot n'a pas été nominé, parce qu'il a été inventé par des internautes. La Toile est l'ennemi du média au Japon, vous savez...
Je devrai parler de l'article sur drapeau et hymne.

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vendredi 16 novembre 2007

L'empereur pollueur

Depuis des décennies, les lacs au Japon sont ravagés par les poissons carnivores féroces, qui s'appellent bluegill en anglais. Je me demandais d'où sont venus ces poissons d'eau douce d'origine américaine. C'est peut-être un fou de pêche qui les a amenés au Japon? Mais ce n'était pas le cas. Contre toute attente, ce fut l'empereur ("dauphin" à l'époque ), océanologue au temps libre, qui les avait introduits au Japon! Quel cauchemar de Darwin! Il a avoué son "crime" et montré son regret avant-hier, mais bien sûr que personne ne le reproche au Japon en public. C'est qu'on a tous peur des yakuzas, c'est vraiment grave.

jeudi 15 novembre 2007

Le Tambour

Les politiciens idiots ne manquent pas au Japon. Le plus grave est ISHIHARA Shintaro, le gouverneur de Tokyo. HATOYAMA Kunio doit être le numéro 2 actuel Shintaro est une sorte de Le Pen japonais, qui a été souvent critiqué par l'Unesco pour ses propos racistes. Il est très doué pour choses absconses.
Il a une fois dit que la langue française n'avait pas le droit d'être rangée comme une langue internationale, parce que les Français ne savent pas compter. Il parle du système numéral comme soixante-dix ou quatre-vingts On a seulement compris qu'il avait échoué dans ses études en français dès la première leçon.
Shintaro était un romancier qui avait fait un seul best-seller dans les années cinquante, et il a profité de la popularité de son frère qui était une star de cinéma pour se faire élire comme un député en 1968. Mais il se prend pour un grand romancier, je ne sais pourquoi. Et une fois élu gouverneur de Tokyo en 1999, il a voulu abolir la fac de lettres de l'université de la ville de Tokyo, prétendant que les lettres ne faisaient pas gagner de l'argent. (Il ne faut pas comprendre ce qu'il veut dire. Il n'y a pas de sens là-dedans.) Et il est maintenant occupé à écrire son roman ultime, et il ne se rend pas fréquemment à son bureau...
Son dernier pfff: La semaine dernière, il a lancé à un journaliste: "Avez-vous lu le roman de Gunter Sachs, Le Tambour?" Euh... je pense que c'est un ex de Brigitte Bardot... Et la télé japonaise qui donne le sous-titre "Günter Grass" sans préciser rien de plus que ça... (Le sous-titrage de la télé japonaise, très fréquent et désormais banal, est quelque chose de particulier dans le monde. Je pense qu'on le fait pour une sorte d'effets visuels pour les téléspectateurs peu attentifs. Donc, je dois préciser que ce sous-titre n'était pas du tout là pour souligner la stupidité.) Il n'y a qu'une poignée d'internautes qui s'en moquent...

lundi 12 novembre 2007

Kunio encore

Nouvelles bêtises de Kunio Hatoyama, notre actuel ministre de la Justice qui veut l'exécution automatique des condamnés à mort.

Un député lui pose la question au parlement: "Est-ce qu'il est vrai qu'un ami à un ami à vous appartient à Al Qaida?"
Kunio: "Je ne connais pas la 'définition' du groupe Al Qaida (brouhaha dans la salle "Mais c'est pas possible!"), mais il appartient à un groupe terroriste proche d'Al Qaida."
Pour notre ministre de la Justice, tous les groupes terroristes s'appellent Al Qaida peut-être...

Kunio: "Les terroristes se baladent paisiblement dans la rue au Japon."

Kunio: "Je n'ai jamais menti. Il n'y a aucun mensonge dans mes propos."

Je répète. Kunio a dit qu'un ami à un ami à lui qui était membre d'Al Qaida lui avait averti de l'attentat à Bali en 2002. Cette personne lui a déconseillé d'y aller, puisqu'il y aurait un grand danger. Ensuite, il s'est corrigé, en prétendant qu'il avait eu ce conseil quelques semaines après l'attentat, ce qui ne veut carrément rien dire. Et il ose affirmer qu'il n'a jamais menti. A ce stade, vérité ou mensonge, je m'en fous. (En fait, non, je ne m'en fous pas. Il serait quasi criminel, s'il n'avait pas fait ce qu'il fallait faire pour faire empêcher l'attentat terroriste en Indonésie. C'est vraiment grave.) Je me pose cette question plutôt: N'a-t-il pas un problème dans son cerveau? Ne peut-il pas parler avec juste un petit peu plus de logique?

Et le média japonais qui ne repasse jamais le passage "Il m'a déconseillé d'y aller"!!!

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mercredi 7 novembre 2007

Le Parti Libéral-Démocrate ne veut pas dire ce que le nom veut dire

Le chef du Parti Démocrate du Japon (le plus grand parti de l'opposition) a voulu quitter son poste dimanche, et il a déjà changé d'avis hier. C'est du n'importe quoi. Il est beaucoup plus rapide que Io-Io Mais ce qui est le plus décevant est la réaction des politiciens du parti. Il a voulu partir, mais ils l'ont retenu, en imaginant à tort qu'il est la vedette du parti indispensable pour gagner aux prochaines élections. En fait, cette personne qui s'appelle Ichiro Ozawa vient du Parti Libéral-Démocrate qui est au pouvoir pratiquement depuis 1955.
Le titre de cet article n'a rien de politique. Je veux seulement parler de la sémantique. La naissance de ce parti est bien de cette année 1955 où il a eu le pouvoir. C'est l'année du rassemblement des deux partis conservateurs, le Parti Libéral (Jiyu-to) et le Parti Démocrate (Minshu-to), l'élément to voulant dire le parti. La langue japonaise n'a pas de distinction entre le singulier et le pluriel, et le nom du parti réuni Jiyu-minshu-to (autrement appelé Jimin-to) est correcte en japonais bien sûr. Mais la traduction le Parti Libéral-Démocrate ne peut être correcte. J'imagine que cette traduction française vient de l'anglais Liberal Democratic Party. Je suis presque sûr que cette traduction en anglais a été faite par un Japonais qui ne saisissait pas bien la logique des langues indo-européennes. Il serait normal que la politique de l'union du Parti Libéral et du Parti Démocrate ne fasse pas forcément la libéral-démocratie. Ces traductions montrent bien la négligence sémantique des Japonais. En revanche, le nom du Parti Social-Démocrate veut bien dire ce qu'il veut dire. C'est simplement le nouveau nom de l'ancien Parti Socialiste, non pas la réunion des deux partis socialiste et démocrate.
En plus, Ozawa, le chef actuel de l'opposition, a formé le Parti Libéral (Jiyu-to) en 1998, qui a été absorbé par le Parti Démocrate (Minshu-to), fondé en même temps. Donc, ces deux partis de l'opposition portaient respectivement les anciens noms des composants du parti qu'on appelle le Parti Libéral Démocrate, et les Japonais amnésiques s'en foutent complètement. Les Japonais font le recyclage des noms de partis politiques comme ça.
D'ailleurs, Ozawa est une sorte de Pasqua japonais, je ne pourrais imaginer personnellement le parti politique de centre gauche dont la tête est Pasqua. Mais au Japon, apparemment ça marche... Mais je soupçonne que c'est un espion du Jiminto depuis longtemps, et il a bien trahi son vrai caractère cette fois-ci. Le Parti Démocrate a gagné les élections sénatoriales cet été, et il était bien dans le vent jusqu'à dimanche dernier où Ozawa a annoncé sa démission brutale, alors que le Parti Libéral-Démocrate était dans la grande difficulté. Ozawa a bien réussi à renverser la situation par son cinéma. Il a discrédité son propre parti comme ça au profit du parti en pouvoir auquel son coeur appartient toujours!

samedi 3 novembre 2007

La suite de la prononciation du titre Manyoshu

Je reviens au sujet du titre de ce recueil de poèmes le plus ancien de la littérature japonaise, Manyoshu. Je peux continuer comme ça pour la prononciation de ce titre très court
Les Français n'arrivent pas à prononcer ce son de la langue japonaise écrit avec le hiragana ん, et transcrit avec la lettre n, car ils imaginent qu'il faut prononcer le n. Mais c'est seule la convention linguistique qui veut qu'on transcrit ce phonème avec la lettre n, mais sa valeur phonétique varie de n, m, jusqu'à ng ou voyelle nasale. Les Japonais prononcent très souvent le léger ng avec la fermeture guturale du palais pour ce hiragana, sans jamais insister sur le g nasal toutefois, plutôt que le n. Cette fermeture empêche la prononciation continuelle de ny. Donc on ne peut jamais prononcer comme Magnochou, malgré l'apparence. Il y a une sorte de "césure" nette entre le n et le y.
Ensuite, la voyelle longue en japonais, voire double, et toujours le défaut des débutants français. Le titre Manyoshu (Man'yôshû) est écrit comme まんようしゅう depuis la réforme catastrophique d'orthographe après la Deuxième Guerre mondiale, mais l'orthographe correcte était まんえふしふ, avant guerre. Un caractère correnspond à une syllabe en japonais, donc il y a six syllabes dans le mot transcrit Manyoshu. Il n'y aurait aucun sens de le faire, mais si on transcrivait l'ancienne orthographe avec la romanisation appelée nippone un peu arrangée (car on n'utiliserait pas l'apostrophe pour montrer la césure), le mot serait Man'ehusihu. Et le mot est divisé en six syllabes comme ma-n-e-hu-si-hu. Mais en réalité, le japonais moderne veut la prononciation, toujours en six syllabes, ma-n-yo-o-shu-u. Et une syllabe a toujours une valeur temporelle équivalente. Si les Japonais prononcent lentement un mot avec voyelle longue, on y discerne clairement une voyelle "double", c'est-à-dire qu'ils prononcent carrément deux fois la même voyelle souvent avec la légère fermeture guturale au milieu des deux voyelles. Donc il faut bien compter 1, 2, 3, 4, 5, 6 pour prononcer ce mot de six syllabes.

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mardi 30 octobre 2007

Kunio l'a encore fait

Le ministre de la justice Kunio Hatoyama l'a encore fait. Il voulait accélérer l'exécution des condamnés à mort il y a un mois, et il a suggéré la suppression de la procédure de signature du ministre pour cela. C'est un Oups-Blazé japonais, et on doit dire qu'en tout cas, personne ne le prend au sérieux dans le monde politique japonais... (C'est un des "fils de", et s'il est élu, c'est que son grand-père, un ancien premier ministre, et son père, ancien ministre des affaires étrangères, étaient adorés des électeurs.) Kunio est son prénom, vous pouvez imaginer comment on le surnomme...
Cette fois-ci, les journalistes étrangers ont organisé un entretien avec lui afin de lui demander l'explication sur le projet de loi concernant l'immigration. Si le projet français de la loi ADN ne me choque pas tellement, c'est que le gouvernement japonais veut adopter la loi permettant aux agents de l'immigration de prendre presque systématiquement l'empreinte digitale des entrants aux ports et aux aéroports. (Presque, car on ne le ferait pas auprès des VIP.) C'est mille fois pire que l'ADN. Kunio a dit qu'on concoctait cette loi pour empêcher l'entrée des terroristes, mais la bavure n'était pas cette réponse. Malheureusement, il a ajouté un épisode pour l'expliquer. Il a dit qu'il connaissait une personne qui était un ami à un ami à lui, et cette personne appartenait à Al Qaida. Elle l'a averti (par le biais de son ami) de l'attentat à Bali en 2002, et il a reçu le message qui lui déconseillait de s'y rendre, parce qu'il y aurait forcément un danger énorme. Alors, il était au courant de l'attentat, et il n'a averti personne???
Juste après l'entrevue, il a corrigé son propos, en disant que cette personne l'a averti de l'attentat (par le biais de son ami, bien sûr) quelques semaines après l'incident. Mouais, ça doit être ça...
Mais comme j'ai dit, en tout cas, personne ne le prend plus au sérieux, même les journalistes qui saisissent les mots au vol. On a marre de lui. On peut imaginer qu'il a inventé cette histoire, car c'est un idiot qui risque de penser que c'est une preuve qu'il a un réseau important s'il prétend avoir des relations à Al Qaida. Quelle est la réaction des internautes? "Eh! Kunio, je suis pas ton ami!" "Depuis quand tu as des amis?" "Comment tu peux parler de moi comme un ami à toi?" Donc, en fin du compte, on a tendance à penser que c'est une invention vraiment trop imbécile... Il faut rappeler: C'est l'actuel ministre de la justice.

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lundi 29 octobre 2007

Les Etats-Unis, un pays voyou

Aujourd'hui, les Japonais ont découvert avec ahurissement que l'ambassade des États-Unis ne paie plus son loyer au Japon depuis dix ans Ils rechignent à régler depuis cette date pour (ne pas) répondre à la proposition de l'augmentation modérée de la part du gouvernement japonais. Mais la location n'est que de 2.500.000 yens par an (15.000 euros) au plein centre de Tokyo Les autres pays paient généralement presque dix fois plus cher que ça! Bon, les Américains ne sont pas encore au courant que le Japon est maintenant un pays indépendant... Il y a prescription de 10 ans pour le loyer, donc apparemment les Américains n'ont carrément aucune envie d'acquitter leurs dettes à présent. Mais qui a dit les pays voyous?

samedi 27 octobre 2007

Je n'arriverai pas encore à la conclusion

Ainsi, la "syllabe" montrée par le hiragana ん (n) ne correspond pas forcément à la consonne n, mais sa valeur phonétique se varie: elle peut être n, m, ng ou même une voyelle nasale. Les Japonais transcrivent cette syllabe qui est la seule exception en japonais du fait d'être une syllabe fermée, par la lettre n conventionnellement.
Vous connaissez peut-être le journal japonais qui s'appele The Asahi Shimbun, mais cette transcription n'est pas conforme aux normes recommandées. Il faudrait écrire le mot Shinbun, car la lettre n ne transcrit pas le son phonétique, mais la syllabe linguistique. On a décidé que le hiragana ん était écrit avec la lettre n quand il est romanisé. En fait, le mot est écrit comme しんぶん en japonais. Ce serait absurde de faire diverger la transcription pour le même caractère.
Asahi Shimbun, au fait, Shinbun, est la source de référence du Courrier International pour les actualités japonaises, mais c'est un quotidien dont la bien-pensance presque caricaturale est énervante, et son journalisme est très peu sérieux. Le titre anglais est précédé de The, mais est-ce que cet article est nécessaire? Pour l'emploi du m dans le mot Shimbun sent la même stupidité. Des Occidentaux, qui n'ont pas sérieusement appris le japonais d'ailleurs, ont fait remarquer que les Japonais prononçaient le m avant le b. C'est vrai. Mais les données linguistiques sont pas que phonétiques. Les gens d'Asahi Shinbun ont eu la stupidité de les écouter. Il n'y a pas qu'eux, et des noms de stations de métro sont transcrits ainsi parfois. Par exemple, le nom de notre pays est Nihon ou Nippon pour nous. Il y a une station dont le nom veut dire le Pont du Japon, et il est transcrit comme Nihombashi, car phonétiquement le son est prononcé comme le m. Mais quel contresens inadmissible! Comme j'ai déjà dit, la bouche des Japonais est maladroite et paresseuse, et on est complètement incapable de prononcer le n devant le b. (Les Japonais normaux ne savent pas du tout prononcer le mot anglais rainbow. Ils prononcent le m au lieu du n.) Mais le m ou le n, s'ils se situent devant une consonne, ce sont le même phonème pour nous qui n'avons qu'une seule syllabe fermée. Et il est bien normal qu'un phonème soit écrit toujours de même façon dans notre écriture phonétique (qui n'utilise pas d'idéogrammes). Les Japonais bien-pensants sont convaincus que les Occidentaux ont toujours raison, et ce, même pour notre propre langue... Ils se corrigent dès la première remarque des Occidentaux, même si c'est une stupidité totalement inculte concernant notre culture.

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mercredi 24 octobre 2007

Sécurité au Japon

1. Un ancien ministre de la santé, qui est dans l'opposition maintenant, a voulu visiter les archives du ministère hier. On parle du scandale de l'hépatite C pour le sang contaminé actuellement ici au Japon, il désirait vérifier le dossier lui-même. Mais on lui a refusé l'accès aux archives, prétextant qu'elles étaient réservées au personnel Mais l'ancien ministre est-il étranger au service? N'ont-ils pas peur que l'opposition ne revienne au pouvoir bientôt?
2. Une petite fille de 7 ans a été tuée juste devant chez elle il y a une semaine à Kakogawa (département de Hyogo dont la préfecture est Kobé). C'est un crime apparemment gratuit. Il n'y a aucun témoin, et on trouve pas mal d'animaux cruellement tués aux environs de l'endroit du meurtre ces jours-ci.
Mais les Japonais ne mettent jamais la police en cause. Cette idée est au-delà de leur conscience. On dit seulement "Je suis outré par cet individu, qu'on l'arrête tout de suite", mais personne ne prononce "Nous, on paye les impôts. Qu'est-ce que la police fait, si elle ne peut même pas rassurer la sécurité?". Je pense que c'est probablement le secret du mythe de la sécurité au Japon. Ce est un pays qui n'est pas forcément sécurisé. Mais on met la confiance aveugle aux policiers qui sont censés être impeccables. Ici, le chef d'État n'aurait même pas besoin de dire que la police est là pour arrêter les criminels. En effet, les flics sont là seulement pour cela, mais par pour la prévention... Et personne ne se pose la question là-dessus.

J'ai recollé cet article de mon autre site sur Blogger.

mardi 23 octobre 2007

Prononciation du titre Manyoshu (suite)

La dernière fois, j'ai dit que l'ancien japonais avant le septième siècle n'avait aucune syllabe fermée, et les Japonais de l'époque devaient faire beaucoup d'efforts pour imiter le n et le ng, par exemple, qui se trouvaient à la fin de certaines syllabes chinoises. Mais il faut préciser que les Japonais n'ont ajouté que le n comme un élément de syllabe fermée à leur langue. Quant au ng, qui se trouve dans les mots anglais comme sing, il est passé aux voyelles u ou i, car il se trouve que la consonne nasale était trop difficile à prononcer pour les Japonais de l'époque.
Prenons par exemple le fameux mot yin yang comme exemple. Ce mot chinois, écrit 陰陽 avec notre système d'écriture, est prononcé comme in yô en japonais. Comme nos ancêtres n'arrivaient pas à prononcer le ng, la syllabe yang s'est transformée en yau (ya-ou), et puis , l'accent circonflexe indiquant la voyelle longue.
Et il faudrait écrire Manyôshû, si on devait respecter le système de transcription alphabétique recommandé, mais vous ne devez pas penser qu'il n'y ait qu'un seul système de transcription possible. En revanche, le système qu'on utilise actuellement pour les noms propres n'est officiel que pour le passeport et la société internationale de la géographie (je ne sais comment ça s'appelle, mais quelque chose comme ça). Par exemple, le ministère de l'éducation nationale accepte deux systèmes, Hepburn et Nippon. Le nom de la montagne la plus haute au Japon est transcrit comme le Mont Fuji selon le premier système, mais le Mont Huzi pour le second. La plupart des Japonais se trompent sur ce problème, mais le second système est plus nouveau et plus scientifique que le système Hepburn employé conventionnellement pour transcrire les noms propres. On est en un sens sous la malédiction de ce missionaire anglais du dix-neuvième siècle. Comme sa méthode de transcription avait déjà été répandue, un meilleur système ne pouvait plus la remplacer. Quelle tragédie pour la langue japonaise! En fait, on a connu plusieurs tragédies de la langue japonaise à l'âge moderne, mais en tout cas, celle-là n'est pas négligeable. Ce sont des tragédies de la langue du peuple qui n'aiment pas leur propre langue...
Ainsi ne devez-vous pas penser qu'il n'y ait qu'une seule méthode de transcription des mots japonais. Le système Hepburn n'est qu'une roue de secours qui devrait être provisoire normalement, mais tout n'est pas normal dans la vie Donc c'est une pure absurdité de dire qu'en japonais le fameux monstre s'appelle Gojira, mais non pas Godjilla. Le premier respecte la transcription Hepburn, c'est tout. En japonais, il s'appelle ゴジラ, et toute autre transcription n'est qu'à peu près.

samedi 20 octobre 2007

Comment prononcer ce titre?

D'abord, je vais parler du n dans le titre Manyoshu.
On dit que la bouche des Japonais est maladroite Ce n'est pas moi qui le dis, mais ce sont les linguistes qui le disent depuis longtemps. Cela veut dire que la bouche des nippons ne veut faire aucun effort pour prononcer les mots, et ils choisissent toujours la prononciation la plus économique. C'est pour cela que les Japonais ne sont pas doués pour les langues étrangères. (Vous diriez probablement "les Français aussi", mais un peu mieux que les Japonais à mon avis.) Donc notre bouche est très paresseuse. La prononciation du japonais est par conséquent plutôt facile, mais cette facilité peut être trompeuse.
Si vous aviez déjà essayé d'apprendre le japonais, vous auriez dû vous poser la question sur le hiragana ん, transcrit par la lettre n. Tous les autres "syllabaires" sont des syllabes "ouvertes", c'est-à-dire les syllabes qui finissent par la voyelle, mais ce n montré par un syllabaire n'est même pas une syllabe! Est-ce que ce hiragana est une exception? Cette question peut être judicieuse, bien que ce n soit bien une syllabe en japonais. Et la réponse est oui. Vous avez dû vous apercevoir que ce hiragana est rejeté à la fin des tableaux des hiragana, pour aiueo ainsi que iroha.
En fait, le ancien japonais n'avait que des syllabes ouvertes. Ce hiragana ん a été inventé au haut Moyen Âge pour imiter la prononciation du chinois. Les Japonais sont un peuple qui aime bien l'imitation. Il y a pas mal de Japonais qui admirent les Etats-Unis actuellement, mais autrefois, les Japonais croyaient que la civilisation chinoise était la meilleure du monde.
Depuis à peu près le septième siècle, les Japonais ont commencé à envoyer des ambassadeurs et des étudiants au continent, et ils sont revenus pour répandre le chinois au Japon. Là, ils ont commencé à imité ce son n et ng qui se trouvaient très souvent dans la langue chinoise. On a emprunté au début le syllabaire む prononcé mu, pour transcrire ce son. C'est pour cette raison que ん ressemble un peu à む (juste un petit peu...).
Le grand problème pour les Français qui apprennent le japonais est qu'il n'y a vraiment pas de bons profs japonais qui ont sérieusement appris la linguistique. Personne n'explique que le son transcrit par le hiragana ん est ambigu à cause de cette histoire. Ce syllabaire ne montre pas forcément le n, mais il englobe n, ng et m.
N'hésitez pas à laisser des commentaires ou des questions.


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samedi 13 octobre 2007

Quel est le sens du titre Manyoshu?

Manyoshu est le premier recueil de poèmes japonais, édité probablement vers 759. Il y a bien une traduction française dont je n'ai aucune idée de la qualité. (Je ne l'ai jamais lue!) Ce titre est généralement traduit comme «le recueil (shu) des dix mille (man) feuilles (yo)», mais qu'est-ce que cela veut dire?
Traditionnellement, on a trois hypothèses.
1. Les feuilles veulent dire les mots. Donc, c'est un recueil des dix mille mots, c'est-à-dire de nombreux poèmes. Les Japonais font la comparaison des mots aux feuilles en effet, mais cette hypothèse est douteuse, car l'expression kotonoha «feuille de mot» est assez nouvelle au Japon. Elle n'existait peut-être pas à l'époque.
2. Le mot yo «feuille» est un homonyme de yo «monde». C'est un recueil des poèmes qui méritent d'être connu de tout le monde.
3. Les feuilles sont précisément des feuilles. Mais c'est une métaphore des poèmes.
La deuxième est la plus crédible au Japon depuis longtemps. Mais ce n'est pas bien expliqué en France. En tout cas, rien n'est bien expliqué en France concernant la littérature japonaise.

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mardi 2 octobre 2007

Qui est Naomi?

Le roman Un amour insensé a été publié en 1924. Ce fut un best-seller qui a engendré le phénomène appelé le «naomisme». Les Japonais de l'époque ont compris ce mot comme le culte voué aux femmes, mais était-ce vraiment ce que Tanizaki voulait dire par le choix de ce prénom? En fait, on peut analyser ce prénom qui devait être moderne au Japon à l'époque (c'est un prénom commun à présent). Na-o-mi pourrait signifier «voir (regarder, considérer ou tenir en compte) le nom» en japonais. Ce prénom fait peut-être allusion plutôt au snobisme qui adore les superficialités. En effets, les Japonais continuent à adorer les noms même actuellement. Seules les marques comptent, ni la qualité des produits ni leur nécessité dans la vie (je pense à la mode de Louis Vuitton par exemple). Je suis sûr que Tanizaki a choisi ce prénom pour faire la critique subreptice de cette mentalité frivole des Japonais. J'imagine qu'il était très content que les gens ne comprennent que la surface de ce roman.

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lundi 24 septembre 2007

Un amour insensé (suite)

Le titre japonais de ce roman est Chijin-no aï avec la transcription phonétique. Si on l'écrit en japonais, le titre est 痴人の愛. Le mot chijin est un mot rare et archaïque, qui voudrait dire idiot.
Les Japonais ont transformé l'orthographe après la Deuxième Guerre mondiale dans la confusion totale. Tanizaki n'a pas écrit 痴人, car c'est l'orthographe moderne. L'ancienne orthographe voulait que ce mot soit écrit comme 癡人. Les Japonais de l'époque ont simplifié les caractères chinois, mais avaient-ils raison de le faire?
La partie composante de l'ancien caractère 癡 est 疑, qui veut dire le doute. Donc l'idiot est aussi quelqu'un qui doute. Et le personnage principal de ce roman est un homme manipulé par la femme fatale. En revanche, la partie composante du caractère moderne est 知, qui veut dire le savoir. Mais ce garçon stupide ne peut être quelqu'un qui sait! Par conséquent, on peut supposer avec raison, Tanizaki n'aurait pas choisi ce titre, s'il avait été obligé d'adopter la nouvelle orthographe.

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samedi 22 septembre 2007

Un amour insensé

Le premier roman japonais que je conseille de lire aux Français est Un amour insensé de Tanizaki Junichiro. Ce livre écrit en 1926 peut être lu de plusieurs façons. Au premier abord, c'est l'histoire d'un garçon un peu naïf, manipulé par une femme fatale. On peut bien rester à ce niveau de lecture, et c'est déjà un roman intéressant et divertissant. Mais la vraie particularité de ce roman est que la femme fatale y représente l'image du monde occidental pour les Japonais. Le narrateur est follement amoureux de Naomi infidèle, mais belle et voluptueuse. Derrière l'histoire du garçon romanesque tel le personnage principal de La femme et le pantin de Pierre Louÿs, se cache une critique ironique contre les Japonais qui s'affolent du mode de vie occidentale. Et les Japonais n'ont pas tellement changé depuis cette époque...
Je ne dirai pas que le titre français est incorrecte, mais je dirais plutôt L'Amour d'un idiot, car ce serait plus fidèle au titre original. Un amour insensé est une interprétation un peu trop ROMANTIQUE qui ne reflète pas l'ironie du titre original.

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