mardi 30 octobre 2007

Kunio l'a encore fait

Le ministre de la justice Kunio Hatoyama l'a encore fait. Il voulait accélérer l'exécution des condamnés à mort il y a un mois, et il a suggéré la suppression de la procédure de signature du ministre pour cela. C'est un Oups-Blazé japonais, et on doit dire qu'en tout cas, personne ne le prend au sérieux dans le monde politique japonais... (C'est un des "fils de", et s'il est élu, c'est que son grand-père, un ancien premier ministre, et son père, ancien ministre des affaires étrangères, étaient adorés des électeurs.) Kunio est son prénom, vous pouvez imaginer comment on le surnomme...
Cette fois-ci, les journalistes étrangers ont organisé un entretien avec lui afin de lui demander l'explication sur le projet de loi concernant l'immigration. Si le projet français de la loi ADN ne me choque pas tellement, c'est que le gouvernement japonais veut adopter la loi permettant aux agents de l'immigration de prendre presque systématiquement l'empreinte digitale des entrants aux ports et aux aéroports. (Presque, car on ne le ferait pas auprès des VIP.) C'est mille fois pire que l'ADN. Kunio a dit qu'on concoctait cette loi pour empêcher l'entrée des terroristes, mais la bavure n'était pas cette réponse. Malheureusement, il a ajouté un épisode pour l'expliquer. Il a dit qu'il connaissait une personne qui était un ami à un ami à lui, et cette personne appartenait à Al Qaida. Elle l'a averti (par le biais de son ami) de l'attentat à Bali en 2002, et il a reçu le message qui lui déconseillait de s'y rendre, parce qu'il y aurait forcément un danger énorme. Alors, il était au courant de l'attentat, et il n'a averti personne???
Juste après l'entrevue, il a corrigé son propos, en disant que cette personne l'a averti de l'attentat (par le biais de son ami, bien sûr) quelques semaines après l'incident. Mouais, ça doit être ça...
Mais comme j'ai dit, en tout cas, personne ne le prend plus au sérieux, même les journalistes qui saisissent les mots au vol. On a marre de lui. On peut imaginer qu'il a inventé cette histoire, car c'est un idiot qui risque de penser que c'est une preuve qu'il a un réseau important s'il prétend avoir des relations à Al Qaida. Quelle est la réaction des internautes? "Eh! Kunio, je suis pas ton ami!" "Depuis quand tu as des amis?" "Comment tu peux parler de moi comme un ami à toi?" Donc, en fin du compte, on a tendance à penser que c'est une invention vraiment trop imbécile... Il faut rappeler: C'est l'actuel ministre de la justice.

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lundi 29 octobre 2007

Les Etats-Unis, un pays voyou

Aujourd'hui, les Japonais ont découvert avec ahurissement que l'ambassade des États-Unis ne paie plus son loyer au Japon depuis dix ans Ils rechignent à régler depuis cette date pour (ne pas) répondre à la proposition de l'augmentation modérée de la part du gouvernement japonais. Mais la location n'est que de 2.500.000 yens par an (15.000 euros) au plein centre de Tokyo Les autres pays paient généralement presque dix fois plus cher que ça! Bon, les Américains ne sont pas encore au courant que le Japon est maintenant un pays indépendant... Il y a prescription de 10 ans pour le loyer, donc apparemment les Américains n'ont carrément aucune envie d'acquitter leurs dettes à présent. Mais qui a dit les pays voyous?

samedi 27 octobre 2007

Je n'arriverai pas encore à la conclusion

Ainsi, la "syllabe" montrée par le hiragana ん (n) ne correspond pas forcément à la consonne n, mais sa valeur phonétique se varie: elle peut être n, m, ng ou même une voyelle nasale. Les Japonais transcrivent cette syllabe qui est la seule exception en japonais du fait d'être une syllabe fermée, par la lettre n conventionnellement.
Vous connaissez peut-être le journal japonais qui s'appele The Asahi Shimbun, mais cette transcription n'est pas conforme aux normes recommandées. Il faudrait écrire le mot Shinbun, car la lettre n ne transcrit pas le son phonétique, mais la syllabe linguistique. On a décidé que le hiragana ん était écrit avec la lettre n quand il est romanisé. En fait, le mot est écrit comme しんぶん en japonais. Ce serait absurde de faire diverger la transcription pour le même caractère.
Asahi Shimbun, au fait, Shinbun, est la source de référence du Courrier International pour les actualités japonaises, mais c'est un quotidien dont la bien-pensance presque caricaturale est énervante, et son journalisme est très peu sérieux. Le titre anglais est précédé de The, mais est-ce que cet article est nécessaire? Pour l'emploi du m dans le mot Shimbun sent la même stupidité. Des Occidentaux, qui n'ont pas sérieusement appris le japonais d'ailleurs, ont fait remarquer que les Japonais prononçaient le m avant le b. C'est vrai. Mais les données linguistiques sont pas que phonétiques. Les gens d'Asahi Shinbun ont eu la stupidité de les écouter. Il n'y a pas qu'eux, et des noms de stations de métro sont transcrits ainsi parfois. Par exemple, le nom de notre pays est Nihon ou Nippon pour nous. Il y a une station dont le nom veut dire le Pont du Japon, et il est transcrit comme Nihombashi, car phonétiquement le son est prononcé comme le m. Mais quel contresens inadmissible! Comme j'ai déjà dit, la bouche des Japonais est maladroite et paresseuse, et on est complètement incapable de prononcer le n devant le b. (Les Japonais normaux ne savent pas du tout prononcer le mot anglais rainbow. Ils prononcent le m au lieu du n.) Mais le m ou le n, s'ils se situent devant une consonne, ce sont le même phonème pour nous qui n'avons qu'une seule syllabe fermée. Et il est bien normal qu'un phonème soit écrit toujours de même façon dans notre écriture phonétique (qui n'utilise pas d'idéogrammes). Les Japonais bien-pensants sont convaincus que les Occidentaux ont toujours raison, et ce, même pour notre propre langue... Ils se corrigent dès la première remarque des Occidentaux, même si c'est une stupidité totalement inculte concernant notre culture.

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mercredi 24 octobre 2007

Sécurité au Japon

1. Un ancien ministre de la santé, qui est dans l'opposition maintenant, a voulu visiter les archives du ministère hier. On parle du scandale de l'hépatite C pour le sang contaminé actuellement ici au Japon, il désirait vérifier le dossier lui-même. Mais on lui a refusé l'accès aux archives, prétextant qu'elles étaient réservées au personnel Mais l'ancien ministre est-il étranger au service? N'ont-ils pas peur que l'opposition ne revienne au pouvoir bientôt?
2. Une petite fille de 7 ans a été tuée juste devant chez elle il y a une semaine à Kakogawa (département de Hyogo dont la préfecture est Kobé). C'est un crime apparemment gratuit. Il n'y a aucun témoin, et on trouve pas mal d'animaux cruellement tués aux environs de l'endroit du meurtre ces jours-ci.
Mais les Japonais ne mettent jamais la police en cause. Cette idée est au-delà de leur conscience. On dit seulement "Je suis outré par cet individu, qu'on l'arrête tout de suite", mais personne ne prononce "Nous, on paye les impôts. Qu'est-ce que la police fait, si elle ne peut même pas rassurer la sécurité?". Je pense que c'est probablement le secret du mythe de la sécurité au Japon. Ce est un pays qui n'est pas forcément sécurisé. Mais on met la confiance aveugle aux policiers qui sont censés être impeccables. Ici, le chef d'État n'aurait même pas besoin de dire que la police est là pour arrêter les criminels. En effet, les flics sont là seulement pour cela, mais par pour la prévention... Et personne ne se pose la question là-dessus.

J'ai recollé cet article de mon autre site sur Blogger.

mardi 23 octobre 2007

Prononciation du titre Manyoshu (suite)

La dernière fois, j'ai dit que l'ancien japonais avant le septième siècle n'avait aucune syllabe fermée, et les Japonais de l'époque devaient faire beaucoup d'efforts pour imiter le n et le ng, par exemple, qui se trouvaient à la fin de certaines syllabes chinoises. Mais il faut préciser que les Japonais n'ont ajouté que le n comme un élément de syllabe fermée à leur langue. Quant au ng, qui se trouve dans les mots anglais comme sing, il est passé aux voyelles u ou i, car il se trouve que la consonne nasale était trop difficile à prononcer pour les Japonais de l'époque.
Prenons par exemple le fameux mot yin yang comme exemple. Ce mot chinois, écrit 陰陽 avec notre système d'écriture, est prononcé comme in yô en japonais. Comme nos ancêtres n'arrivaient pas à prononcer le ng, la syllabe yang s'est transformée en yau (ya-ou), et puis , l'accent circonflexe indiquant la voyelle longue.
Et il faudrait écrire Manyôshû, si on devait respecter le système de transcription alphabétique recommandé, mais vous ne devez pas penser qu'il n'y ait qu'un seul système de transcription possible. En revanche, le système qu'on utilise actuellement pour les noms propres n'est officiel que pour le passeport et la société internationale de la géographie (je ne sais comment ça s'appelle, mais quelque chose comme ça). Par exemple, le ministère de l'éducation nationale accepte deux systèmes, Hepburn et Nippon. Le nom de la montagne la plus haute au Japon est transcrit comme le Mont Fuji selon le premier système, mais le Mont Huzi pour le second. La plupart des Japonais se trompent sur ce problème, mais le second système est plus nouveau et plus scientifique que le système Hepburn employé conventionnellement pour transcrire les noms propres. On est en un sens sous la malédiction de ce missionaire anglais du dix-neuvième siècle. Comme sa méthode de transcription avait déjà été répandue, un meilleur système ne pouvait plus la remplacer. Quelle tragédie pour la langue japonaise! En fait, on a connu plusieurs tragédies de la langue japonaise à l'âge moderne, mais en tout cas, celle-là n'est pas négligeable. Ce sont des tragédies de la langue du peuple qui n'aiment pas leur propre langue...
Ainsi ne devez-vous pas penser qu'il n'y ait qu'une seule méthode de transcription des mots japonais. Le système Hepburn n'est qu'une roue de secours qui devrait être provisoire normalement, mais tout n'est pas normal dans la vie Donc c'est une pure absurdité de dire qu'en japonais le fameux monstre s'appelle Gojira, mais non pas Godjilla. Le premier respecte la transcription Hepburn, c'est tout. En japonais, il s'appelle ゴジラ, et toute autre transcription n'est qu'à peu près.

samedi 20 octobre 2007

Comment prononcer ce titre?

D'abord, je vais parler du n dans le titre Manyoshu.
On dit que la bouche des Japonais est maladroite Ce n'est pas moi qui le dis, mais ce sont les linguistes qui le disent depuis longtemps. Cela veut dire que la bouche des nippons ne veut faire aucun effort pour prononcer les mots, et ils choisissent toujours la prononciation la plus économique. C'est pour cela que les Japonais ne sont pas doués pour les langues étrangères. (Vous diriez probablement "les Français aussi", mais un peu mieux que les Japonais à mon avis.) Donc notre bouche est très paresseuse. La prononciation du japonais est par conséquent plutôt facile, mais cette facilité peut être trompeuse.
Si vous aviez déjà essayé d'apprendre le japonais, vous auriez dû vous poser la question sur le hiragana ん, transcrit par la lettre n. Tous les autres "syllabaires" sont des syllabes "ouvertes", c'est-à-dire les syllabes qui finissent par la voyelle, mais ce n montré par un syllabaire n'est même pas une syllabe! Est-ce que ce hiragana est une exception? Cette question peut être judicieuse, bien que ce n soit bien une syllabe en japonais. Et la réponse est oui. Vous avez dû vous apercevoir que ce hiragana est rejeté à la fin des tableaux des hiragana, pour aiueo ainsi que iroha.
En fait, le ancien japonais n'avait que des syllabes ouvertes. Ce hiragana ん a été inventé au haut Moyen Âge pour imiter la prononciation du chinois. Les Japonais sont un peuple qui aime bien l'imitation. Il y a pas mal de Japonais qui admirent les Etats-Unis actuellement, mais autrefois, les Japonais croyaient que la civilisation chinoise était la meilleure du monde.
Depuis à peu près le septième siècle, les Japonais ont commencé à envoyer des ambassadeurs et des étudiants au continent, et ils sont revenus pour répandre le chinois au Japon. Là, ils ont commencé à imité ce son n et ng qui se trouvaient très souvent dans la langue chinoise. On a emprunté au début le syllabaire む prononcé mu, pour transcrire ce son. C'est pour cette raison que ん ressemble un peu à む (juste un petit peu...).
Le grand problème pour les Français qui apprennent le japonais est qu'il n'y a vraiment pas de bons profs japonais qui ont sérieusement appris la linguistique. Personne n'explique que le son transcrit par le hiragana ん est ambigu à cause de cette histoire. Ce syllabaire ne montre pas forcément le n, mais il englobe n, ng et m.
N'hésitez pas à laisser des commentaires ou des questions.


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samedi 13 octobre 2007

Quel est le sens du titre Manyoshu?

Manyoshu est le premier recueil de poèmes japonais, édité probablement vers 759. Il y a bien une traduction française dont je n'ai aucune idée de la qualité. (Je ne l'ai jamais lue!) Ce titre est généralement traduit comme «le recueil (shu) des dix mille (man) feuilles (yo)», mais qu'est-ce que cela veut dire?
Traditionnellement, on a trois hypothèses.
1. Les feuilles veulent dire les mots. Donc, c'est un recueil des dix mille mots, c'est-à-dire de nombreux poèmes. Les Japonais font la comparaison des mots aux feuilles en effet, mais cette hypothèse est douteuse, car l'expression kotonoha «feuille de mot» est assez nouvelle au Japon. Elle n'existait peut-être pas à l'époque.
2. Le mot yo «feuille» est un homonyme de yo «monde». C'est un recueil des poèmes qui méritent d'être connu de tout le monde.
3. Les feuilles sont précisément des feuilles. Mais c'est une métaphore des poèmes.
La deuxième est la plus crédible au Japon depuis longtemps. Mais ce n'est pas bien expliqué en France. En tout cas, rien n'est bien expliqué en France concernant la littérature japonaise.

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mardi 2 octobre 2007

Qui est Naomi?

Le roman Un amour insensé a été publié en 1924. Ce fut un best-seller qui a engendré le phénomène appelé le «naomisme». Les Japonais de l'époque ont compris ce mot comme le culte voué aux femmes, mais était-ce vraiment ce que Tanizaki voulait dire par le choix de ce prénom? En fait, on peut analyser ce prénom qui devait être moderne au Japon à l'époque (c'est un prénom commun à présent). Na-o-mi pourrait signifier «voir (regarder, considérer ou tenir en compte) le nom» en japonais. Ce prénom fait peut-être allusion plutôt au snobisme qui adore les superficialités. En effets, les Japonais continuent à adorer les noms même actuellement. Seules les marques comptent, ni la qualité des produits ni leur nécessité dans la vie (je pense à la mode de Louis Vuitton par exemple). Je suis sûr que Tanizaki a choisi ce prénom pour faire la critique subreptice de cette mentalité frivole des Japonais. J'imagine qu'il était très content que les gens ne comprennent que la surface de ce roman.

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