jeudi 21 février 2008

Kunio intraduisible

Hatoyama Kunio, le ministre de la justice particulièrement injuste, alias la honte du Japon à l'aube du troisième millénaire, a encore fait des bêtises. Il faut qu'on lui donne une bonne fessée!
En 2003, treize personne ont été arrêtées à la ville de Shibushi dans le département de Kagoshima à l'extrême sud du Japon (Kyushu), pour l'achat des votes. Mais il s'est avéré que l'affaire avait été une pure fabrication de la police, qui avait mis en garde à vue certains suspects pendant plus d'un an! :-o
Cette affaire est connue de la façon bien singulière de l'"investigation" de la police de Kagoshima. Le flic a écrit sur une feuille des phrases comme "Papy, je veux que tu redevienne honnête" avec le nom du petit-fils du suspect par exemple. Le policier a pris les pieds de l'accusé à la main, et il lui a forcé d'écraser le papier. Les journalistes n'en parlent pas plus, mais je crois que ce geste voulait dire: "Vois ce que tu fais! Tu écrases les sentiments de ta famille!".
Pour mieux comprendre le caractère ignoble de cette affaire, il faut un peu connaître l'histoire de Japon. Au seizième siècle, les Portugais et les Espagnols ont divisé le monde en deux, et la ligne passait exactement sur l'île de Honshu. J'habite au nord-est du Japon, qui aurait été territoire virtuellement espagnol, mais le sud-ouest du pays appartenait aux Portugais. Vous pouvez facilement imaginer que les Espagnols ne sont jamais venus à ma région, car il aurait été difficile de venir au Japon en passant par l'Amérique. L'équipe de Magellan, portugais tout de même, a failli faire ce parcours, mais ils sont allés plutôt aux Philippines.
Par contre, l'île de Kyushu a été la région qui connaissait un bon nombre de visites des Portugais. C'est la seule région où certains nombres de Japonais ont été christianisés à l'époque. Mais dès le dix-septième siècle, le shogunat de Tokugawa a fermé les frontières du pays pour exclure les étrangers, et le christianisme a été interdit. Les saints du Japon sont ceux qui ont été martyrisés à cette période de l'histoire. Et pour prouver qu'ils n'étaient pas chrétiens, les habitants de cette région devaient écraser l'image de la sainte famille. Ceux qui n'y arrivaient pas ont été tués. Cette affaire de Shibushi a fait rappeler aux gens de la région cette histoire sanglante.
Et Kunio a dit par rapport à cette affaire: "A mon avis, il ne s'agit pas d'une fausse accusation pour l'affaire de Shibushi", ce qui a indigné les concernés. Forcément. Il a expliqué son propos. "Pour moi, une 'fausse accusation' est un cas où le concerné est faussement condamné. Dans cette affaire, ils n'ont pas été jugés coupables. Donc, ce n'est pas une 'fausse accusation' pour moi." D'accord. En fait, même si ce mot japonais enzaï est généralement traduit comme "fausse accusation" et que presque tous les Japonais comprennent le mot dans ce sens, il a donné sa version comme un légiste. C'est acceptable à la rigueur, même s'il oublie probablement que certains ont passé un an dans la prison sous le nom de garde à vue.
Mais dès le lendemain, il ajoute des choses pas du tout nécessaires. Il a dit: "Ce mot enzaï n'a pas de définition..." Mais qu'est-ce que c'est que ça? Alors, pourquoi a-t-il dit que l'affaire de Shibushi n'était pas un cas d'enzaï? Ca n'a aucun sens!
On lui a posé la question sur cette affaire au parlement, à laquelle il a répondu: "J'ai compris. Je n'utiliserai plus ce mot!" Tout comme un enfant. C'est dommage qu'on ne lui ait pas reposé cette question: "Alors comment faites-vous s'il y a vraiment affaire de fausse accusation?"
Et le plus grand parti d'opposition, le Parti Démocrate du Japon, ne lui demande pas sa démission. Est-ce parce que Kunio est le frère chéri de Hatoyama Yukio, un des chefs triangulaires de ce parti?

Article précédent: Kunio - internautes racistes au Japon

lundi 18 février 2008

Mais non! Le clou qui dépasse n'appelle pas le marteau au Japon, mais pas du tout!!!

J'ai le Dictionnaire de proverbe et diction édité chez le Robert, et j'y trouve ce proverbe japonais: "Clou qui dépasse sera enfoncé".
C'est un Robert. Ca a l'air sérieux. Mais il n'y a pas d'explication.
J'ai trouvé un site qui parle de ce proverbe toujours japonais: "Le clou qui dépasse appelle le marteau". Explication: Un problème, une difficulté appelle une solution simple et radicale. Le site s'appelle Internaute Encyclopédie. Ca a l'air sérieux. Mais il me semble que l'explication n'est pas bonne.
Un prêtre français qui s'appelle André L'Héronet a écrit un livre intitulé Le Clou qui dépasse, qui parle de ses expériences au Japon. Je n'ai pas lu ce livre, mais peut-être ce religieux se trouvait-il dans la place du clou qui dépasse, quelqu'un d'exceptionnel qui n'est pas aimé au Japon. Ca a l'air sérieux. Et je peux imaginer la situation.
Mais ce n'est pas sérieux. Mais pas du tout. J'hal-lu-cine!!!
Il y a bien un proverbe japonais qui est écrit ainsi: 出る杭は打たれる. La transcription phonétique peut être "Déru kui-wa utaréru". Mais il y a pas mal de Japonais qui mémorisent ce proverbe à tort et à travers: 出る釘は打たれる. "Déru kugi-wa utaréru." La consonne g est une consonne nasale prononcée comme ng dans le mot anglais sing, et cette consonne faible risque la confusion dans certaines expressions, comme pour ce proverbe. Ce mot "kugi" veut dire le "clou", alors que le proverbe correcte dit "kui", le pieu. Et le clou n'est pas la même chose que le pieu.
L'explication du vrai proverbe est comme suit. Quelqu'un veut faire une haie, et il enfonce plusieurs pieux au sol. Mais il y en a un qui est plus haut que les autres. Donc il bat la tête de celui-ci afin qu'il soit à la même hauteur que les autres. Ce proverbe montre la mentalité des Japonais qui n'acceptent aucune exception. Par exemple, ils veulent plutôt l'absence, voire l'exclusion forcée, de génie exceptionnel, que de se voir gêner par la diversité. Les profs d'école "corrigent" les élèves exceptionnels pour qu'ils soient "normaux".
Vous vous dites peut-être: "Mais ça ne change rien. Avec la traduction 'Le clou qui dépasse appelle le marteau', je comprenais la même chose". Mais est-ce que c'est vrai? Quand on parle du clou, on n'imagine pas d'autres clous qui ont tous la même taille. Donc le mot doit être le pieu.
Je suis vraiment consterné de constater que ce faux proverbe est cité à plusieurs endroits. Il faut que les nipponophiles le sachent au moins. Le vrai proverbe japonais est "Le pieu plus haut que les autres sera enfoncé".

Article précédent: L'origine du mot yakuza

vendredi 15 février 2008

L'origine du mot yakuza

Ce mot yakuza qui veut dire mafieux japonais vient d'un jeu de cartes, ce qui n'étonne personne sans doute. Mais de quelle sorte de jeu s'agit-il?
C'est un jeu appelé oïchokabu qui ressemble au jeu de baccara. Le but est d'avoir neuf (ou dix-neuf) point, et dix ou vingt points égalent zéro point.
Le mot yakuza peut être divisé en trois éléments: ya, ku et sa (la transcription recommandée du mot reste néanmoins yakuza), qui impliquent respectivement 8, 9 et 3. Les débutants de la langue japonaise doivent y faire attention. A l'exception du vrai mot ku (ou kyu) qui est le chiffre 9, ya et sa ne sont pas des mots, mais des éléments composants.
Alors, pourquoi la suite 893 peut signifier un mafieux? Vous devez imaginer le jeu. Vous avez la carte 8 au début, ce qui n'est pas du tout une mauvaise main. (En argot, ce chiffre 8 est appelé oïcho. Ça vient de l'espagnol par hasard?) Vous pouvez en rester là, mais vous êtes joueur. Si vous aurez l'as par la suite, vous aurez neuf points (kabu). Mais c'est le 9 que vous tirez, vous avez maintenant 17, c'est-à-dire 7 points. Vous n'êtes pas content, car vous avez perdu 1 point par rapport à la main précédente. Vous ne perdrez pas, mais vous ne gagnerez pas non plus avec cette main. Par conséquent, vous tirez une autre carte en attendant l'as ou le 2, mais vous tirez le 3, ce qui vous fait perdre le jeu.
Donc la suite la plus mauvaise 893 de ce jeu veut dire "la main qui ne vaut rien". Le yakuza, c'est un vaurien.

Article précédent: Qu'est-ce que le mot arigato veut dire vraiment?
Article suivant: Le clou qui dépasse

mercredi 13 février 2008

Scandale Japan Airlines

Le fait a été découvert que la compagnie aérienne Japan Airlines (JAL) avait fait une enquête sur la vie privée des hôtesses de l'air à leur insu, et elles ont porté plainte à l'encontre de l'employeur pour les dommages moraux. Le rapport secret disait par exemple: "Elle a un problème. Elle est divorcée." "C'est une mère célibataire." "Il paraît que c'est une libertine." On ne sait pas vraiment pourquoi ils ont mené cette enquête.
La compagnie a accepté de payer les indemnités de 48 millions de yens (300.000 euros), tout en précisant qu'elle ne donnait pas du tout raison aux plaignantes, mais qu'elle le fait seulement pour le confort des clients (de quel confort parlent-ils?). Pourquoi alors que les dirigeants n'écoutent pas ce que les hôtesses de l'air disent? C'est "parce que ce qu'elles allèguent est non fondé, et pas clair". Mais bien sûr...
C'est impressionnant que les hommes peuvent être bêtes. Elles ont porté plainte pour le comportement sexiste des dirigeants, qui leur répondent cette fois "ce que les femmes disent n'est jamais clair, mais bon, nous vous paierons, donc soyez belles et taisez-vous". Les hôtesses ont fait appel. L'affaire continue...

Powered by ScribeFire.

mardi 12 février 2008

Faut parler anglais, Audrey Tautou!

La chaîne nationale NHK passe l'émission de trente minutes "Faut parler anglais" une fois par semaine vers 23 heures. Le problème est que ce programme n'a rien d'éducatif, mais c'est une émission vaguement divertissante, plutôt bizarre et incompréhensible.
La séquence la plus space est l'interview des stars hollywoodiennes. Franchement, ça ferait pâlir Raphaël Mezrahi. Chaque semaine, une personnalité "degré zéro de célébritude" fait un entretien avec une star hollywoodienne, tout en ânonnant l'anglais approximatif. Le pire est qu'on est sérieux. Peut-être que ces célébrités sont très bien payées pour cette séquence, mais je me sens perplexe devant l'écran. Bien sûr qu'on ne pose que des questions très bêtes dans ces interviews, mais il est connu qu'au Japon, même les journalistes de cinéma bien professionnels ne posent que des questions qui n'ont rien à voir avec la carrière des stars (genre: comment gardez-vous votre minceur?), donc ce n'est pas grave.
Hier, l'invitée était Audrey Tautou. C'est une célébrité hollywoodienne bien sûr. Le garçon (probablement un comique, mais je ne le connais pas) a demandé à Audrey "Comment arrive-t-on à parler anglais?". Je répète qu'on est sérieux, même si l'intervieweur est un comique dans sa vie. Elle lui a répondu, souriante mais un peu énervée apparemment, "When you are forced!!! Si tu es entouré des gens qui ne parlent qu'anglais, tu es forcé de parler anglais!", avec son accent impeccable...ment frenchy. Le sous-titre japonais disait "quand tu as besoin", non pas "forcé". Ce mot ne convient pas très bien à l'attente des téléspectateurs, j'imagine.
Je crois qu'Audrey Tautou n'a rien compris, mais tous les étrangers (surtout s'ils sont "blancs") sont censés parler anglais couramment une fois qu'ils se trouvent dans ce pays insulaire. On SAIT bien que l'anglais n'est pas la langue natale d'Audrey tautou, mais on ne se rend pas compte.
J'ai lu un courrier de lecteur français sur le journal Asahi (c'était la première fois de ma vie), et il disait que les jeunes japonais n'ont dans leur tête que les Etats-Unis comme les pays étrangers (le courrier n'était malheureusement pas trop intéressant). Il a partiellement raison, mais ce n'est pas seulement les jeunes. C'est les quadras et quinquas qui ne veulent parler qu'anglais quand ils voient les étrangers. Ils sont très paresseux, ils croient du fond du coeur qu'ils n'ont "besoin" que de parler anglais quand ils parlent avec les étrangers. Il faut que ce Français le sache. D'ailleurs, si tu te présentes comme un traducteur, les Japonais ne te demandent jamais "Combien de langues parles-tu?". Mais, "Ah, tu es traducteur? Tu parles anglais, c'est génial!", c'est ce qu'ils te disent.

Powered by ScribeFire.

jeudi 7 février 2008

Profs vs Prince Hotel

L'union des enseignants japonais (Nikkyôso) est le syndicat des enseignants le plus important au Japon. Le taux des syndiqués était plus de 80 pour cent il y a cinquante ans, mais maintenant il n'est que moins de 30 pour cent, surtout à cause de la scission (départ des sympathisants communistes) à la fin des années 80.
Le Nikkyôso, à tendance désormais socialiste modérée, reste un des ennemis principaux de l'extrême droite. Chaque année au moment de leur réunion annuelle, les gens d'extrême droite font la protestation étourdissante avec les haut-parleurs. En fait, il ne s'agit pas vraiment d'une protestation. Je crois que c'est une sorte de fête annuelle à eux, qui ne savent plus pourquoi ils le font. D'ailleurs, ce qu'ils crient est tout simplement bruyant, et complètement privé de sens. S'ils n'aiment pas les communistes, il devraient le faire pour la réunion des dissidents, mais c'est toujours le Nikkyôso qui est leur cible. On ne doit pas trop chercher à comprendre au Japon.
Le Nikkyôso a réservé le Prince Hotel à Tokyo pour la réunion de cette année-ci, et elle aurait dû avoir lieu cette semaine. Il a effectué la réservation il y a presque un an, mais l'hôtel l'a annulée de peur du bruit fait par l'extrême droite. L'union a porté plainte, et le tribunal a jugé que l'hôtel avait enfreint le contrat. Donc, les profs ne se doutaient pas du tout que l'hôtel insisterait, mais il leur a fermé la porte au nez, prétextant la sécurité des clients. J'ai vu le représentant du syndicat des profs à la télé, mais il avait l'air ahuri de ne pouvoir rien comprendre. Il disait justement: "C'est les gens d'extrême droite qui seraient la menace pour la sécurité des clients, et c'est nous les profs qui sommes chassés? D'ailleurs, peut-on négliger la décision de la cour comme ça?"
Par conséquent, la réunion n'a pas eu lieu cette année-ci. C'est la première fois depuis la fondation de l'union en 1951.
Je n'appelle pas les touristes français et francophones au boycottage du Prince Hotel, parce que tu peux être coupable de la diffamation même si ce que tu dis es vrai, selon la loi au Japon. L'entreprise porte plainte, et c'est elle qui gagne la cause obligatoirement, puisque c'est la loi qui le dit! C'est pas la faute des juges! Les bloggueurs en ont peur. Sinon, je crois que j'ai tout dit. Ah oui, j'ajoute qu'on ne doit pas croire que le Prince Hotel soit un suppôt de l'extrême droite, car il a ainsi privé à ces gens le moyen de dissiper leur frustration. Ils ne peuvent pas gueuler dans la rue cette année-ci. Pauvre extrême droite.
J'ajoute également que le Prince Hotel est un établissement privé. Il n'a rien à voir avec l'empereur. Il faut le savoir.

samedi 2 février 2008

La gare de Shinagawa sous la pluie (poème de NAKANO Shigéharu)

Au revoir, Shin
Au revoir, Kim
Vous montez en train à la gare de Shinagawa(1) sous la pluie

Au revoir, Lee
Au revoir, l'autre Lee
Vous retournez au pays de vos parents

Les rivières de chez vous gèlent en hiver dur
Votre coeur rebelle gèle au moment de cette séparation

La mer hausse son grondement dans le crépuscule
Le pigeon, humide de pluie, redescend du toit de garage

Humides de pluie, vous repensez à l'empereur japonais qui vous chasse
Humides de pluie, vous repensez à cet homme moustachu aux lunettes, au dos voûté(2)

Sous la pluie battante, le signal vert se lève
Sous la pluie battante, vos regards sont aigus

La pluie tombe sur les dalles pour se précipiter dans la mer sombre
La pluie disparaît sur vos joues ardentes

Vos ombres noires passent l'accès aux quais
Vos habits blancs flottent dans les pénombres du corridor

Le signal change de couleur
vous montez en train

Vous partez
Vous nous quittez

Au revoir, Shin
Au revoir, Kim
Au revoir, Lee
Au revoir, Lee la femme

Là-bas, cassez le gel, épais et lisse
Faites jaillir l'eau endiguée depuis longtemps
Boucliers d'avant et d'arrière du prolétariat japonais
Au revoir
Jusqu'au jour où nous rirons en larmes de la joie de notre revanche

Poème de NAKANO Shigéharu (1929), traduit par moi.

(1) La gare qui se trouve dans le quartier sud de Tokyo. Le train va les emmener au port de Yokohama probablement.
(2) Ces deux lignes ont été censurées à l'époque.

Inutile de préciser que ce sont les immigrés coréens qui sont chassés du Japon. Même si je préfère "Le chant" à ce poème, je pense que celui-ci est très émouvant, d'autant qu'il n'y a pas beaucoup de poèmes de ce genre.

Article précédent: Le chant (poème de Nakano Shigéharu)

KY, le mot qui fait peur

Le néologisme japonais qu'on entend le plus souvent au média actuel est probablement "KY", abréviation de "Kûki Yomé". Kûki veut dire l'air à la lettre, et yomé est l'impératif du verbe lire. Donc cette expression voudrait dire littéralement "Lisez l'air", ce qui signifie "Il faut s'assimiler et s'adapter à l'ambiance de la situation". Ça peut être l'abréviation du qualificatif "Kûki Yoménaï", "Qui ne sait pas lire l'air".
Le média a commencé à employer cet argot des "djeunes" au sujet du premier ministre précédent Abé, qui n'avait pas démissionné juste après la défaite du Parti Libéral-Démocrate aux élections sénatoriales. Tout le monde pensait qu'il devait quitter son poste, mais il ne l'a pas fait tout de suite. On entendait le cri du peuple contre lui "Kûki Yomé!", ce qui veut dire "Tu dois comprendre l'air du temps". Il a dû démissionner dans le chœur du peuple, mais il a très mal choisi le moment tout de même, donc il a gardé la réputation du politique le plus KY au Japon.
Dans la vie quotidienne, celui ou celle qui chante une ballade au karaoké, et celui ou celle qui dit des blagues nulles sont KY. Ça reste dans la mentalité normale, mais ce mot péjoratif peut vite changer en la négation de la liberté individuelle au nom de la collectivité.
L'écrivain YAMAMOTO Shichihei a écrit Les Etudes de l'Air il y a trente ans. Dans ce livre, il dit que tout le monde savait qu'il était absurde d'envoyer le grand navire Yamato à Okinawa à la fin de la Guerre du Pacifique, mais on l'a finalement fait, parce que personne ne pouvait résister à "l'air", ce qui se passe souvent au Japon. Yamamoto dit que cet "air" est LE critère impérieux du jugement qui a une autorité absolue, et que celui qui y résiste est considéré comme un "hérétique". C'est un "pouvoir surnaturel" (c'est l'expression de Yamamoto) qui exclut socialement les "KY", les personnes qui ne savent pas s'adapter à "l'ambiance".
J'admire mes compatriotes qui savent toujours lire l'air. Mais ils refusent de comprendre que cet air puisse vite être l'air fasciste.

Article précédent: Asahiru