samedi 26 juillet 2008

L'origine du pseudonyme Joe Hisaishi

D'où vient le pseudonyme de Joe Hisaishi, le compositeur de musique de cinéma, notamment connu pour les films de Kitano Takeshi et Miyazaki Hayao? Le nom de Hisaïshi Jô est écrit en caractères chinois comme ceci: 久石 譲. Le premier kanji correspond à l'élément "hisa", mais son autre lecture est "ku". Donc, cela pourrait donner "kuishi jô". Il a pris ce pseudonyme en hommage à Quincy Jones...
Les Japonais adorent cette sorte de pseudos. Par exemple, le premier romancier qui a introduit le genre du polar au Japon s'appelle Edogawa Ranpo, mais il a pris ce nom de l'inventeur du roman policier: Edgar Allan Poe.

dimanche 20 juillet 2008

Premières réactions au nouveau film de Miyazaki

 Le nouveau film de Miyazaki Hayao est sorti dans la salle au Japon hier. Je ne l'ai pas encore vu, mais comme de nombreux bloggueurs en parlent déjà, je vais vous donner quelques idées sur le film.
 Le titre du film est Ponyo sur la falaise. On entend une chanson joyeuse de petite fille à la pub (version maquette sur YouTube). L'histoire est inspirée de La Petite Sirène d'Andersen, et elle parle de l'amitié entre une très petite sirène et un garçon, me semble-t-il. Je ne sais trop pourquoi la petite sirène habite sur la falaise. Apparemment, il y a trop d'absurdités pareilles dans le film. Par exemple, le père de l'héroïne n'est qu'un homme normal, et il n'y a aucune explication là-dessus.
 C'est un dessin animé à l'ancienne Disney, c'est-à-dire 100% Computer Graphics free, au moins pour le dessin.
 Comme l'opinion sur son film précédent Le Château ambulant n'était pas trop favorable au Japon, Miyazaki dit qu'il a fait un film simple, que même les petits enfants n'auraient pas de difficulté pour comprendre.
 Et qu'est-ce qu'on dit dans la blogosphère? L'opinion est unanime. "Bizarre..." "Incompéhensible..." "Mais qu'est-ce que c'est que ça?" Mais cela ne veut pas dire forcément qu'on ne l'a pas aimé. Ils pensent que c'est du jamais vu, qui ne ressemble à aucun film de Miyazaki. Un bloggueur dit que Miyazaki a certainement pris la liberté de faire une oeuvre d'avant-garde, vu que le succès commercial est en tout cas assuré pour sa production. Ils disent que c'est un film vraiment hors norme. Qu'ils l'apprécient ou pas (certains disent que ce dessin animé fait penser à un cauchemar), ils croient que c'est un Miyazaki tout à fait exceptionnel.
 Le bloggueur que j'ai cité finit son blog en disant qu'il a eu l'impression que Miyazaki aurait voulu arrête sa carrière après ce film, car il croit que le réalisateur a enfin fait un film qu'il voulait vraiment faire.
 En tout cas, il y a une stupéfaction générale devant quelque chose qu'on ne comprend pas trop bien.
 J'ajoute qu'il y a pas mal d'ex-fans de Miyazaki au Japon, toujours un peu déçus par lui depuis Mon voisin Totoro. Pour eux, ses derniers bons films étaient Nausicaä et Le Château dans le ciel. Je suis un peu comme ça. Miyazaki est devenu un grand réalisateur de dessin animé aux dépens de certains charmes série B. Et malheureusement, on dit que ce nouvel opus ne changera rien pour ces coeurs endurcis, même s'il est différent des films de Miyazaki de ces dernières années.

jeudi 17 juillet 2008

Racisme estudiantin

 Le club des débats de la faculté de droits de Nihon University, université privée qui compte le plus d'étudiants au Japon, a refusé l'adhérence d'une étudiante d'origine coréenne. La raison du refus était l'inquiétude causée par la participation de cette "résidente" (zaïnichi). Les leaders du club pensaient qu'elle aurait des difficultés à s'intégrer, car les étrangers ont une culture différente.
 Mais ils ne l'ont pas dit directement à la concernée. Ils lui ont expliqué la raison du refus ainsi: "Tu participes au séminaire des étudiants qui préparent le concours des avocats. Tu seras trop occupée pour participer à notre activité." Elle a appris la vraie raison par le biais d'un autre membre du club, et sa mère a porté plainte au comité des droits de l'homme de la faculté.
 Les leaders du club se sont défendus en prétendant que la raison du refus n'était pas l'origine de la jeune fille, mais ils se sont excusés parce qu'ils ont blessé ses sentiments.
 Le président a demandé pardon à l'étudiante, parce que ses sentiments ont été blessés, tout en précisant que ces personnes n'avaient probablement pas de sentiments raciaux.
 L'étudiante en question est une "résidente" (zaïnichi) de troisième génération, ce qui veut dire que même ses parents ont grandi au Japon.
 Je ne fais pas de commentaire, car l'histoire est trop lamentable.

Au secours! La police japonaise est complètement folle!

 Depuis la tuerie dans la rue de Tôkyô du mois dernier qui a fait huit morts, la police surveille la Toile pour arrêter les individus qui y annoncent un meurtre. Mais qu'est-ce qu'ils font en réalité? Ils arrêtent tout bonnement les personnes qui s'amusent à faire des calembours à la japonaise!
 D'abord, un adolescent a été arrêté parce qu'il avait écrit qu'il allait "jetuer" indifféremment des hommes dans la gare de Nagoya le lendemain. On ne sait pas bien traduire ce calembour idéographique. Le caractère chinois pour "tuer" est 殺. Ce garçon a utilisé un autre kanji 投, qui veut dire "jeter". Si votre encodage est bon, vous pouvez voir que la partie droite des deux caractères est la même chose (殳). Il a inscrit "投します", ce kanji "jeter" suivi des caractères phonétiques, ce qui ne veut rien dire (ça fait penser à "jeter" plutôt qu'à "tuer"). Mais si on remplace l'idéogramme par 殺, cela veut dire "je vais tuer". Si j'étais un flic, je croirais que c'est une plaisanterie. Mais le commissariat de Nagoya a mobilisé une soixantaine de policiers à la gare de Nagoya pour prévenir un massacre. Bien sûr que la tuerie n'a pas eu lieu, et c'est la police d'analyser l'adresse IP de l'ordinateur qui avait fait cette annonce drôle. On a arrêté le garçon pour avoir entravé le travail des officiers.
 Et puis, un homme s'est amusé à écrire une annonce "Je vais tuer n'importe qui demain à la gare d'Uéno de la ligne Saïkyô". Le problème est que la ligne de Saïkyô est bien une ligne de banlieues de Tôkyô, mais elle ne passe pas à Uéno. Il a été arrêté, parce que la police n'a pas compris la plaisanterie.
  Et enfin, un autre garçon a dit sur Internet qu'il allait tuer des poissons dans une école élémentaire, tout en précisant la date de l'exécution et le nom de l'école. Ce poisson est appelé "koonago". Les Japonais d'antan avaient un certain raffinement pour attribuer parfois des idéogrammes aux mots indifféremment au sens, mais plutôt phonétiquement. Pour ce petit poisson "koonago", ils ont choisi les caractères chinois qui voudraient dire "petites filles" (小女子). Les trois kanji signifient respectivement "petit", "fille" et "enfant". Je ne nie pas que ce mot fait penser aux petites écolières au premier regard, mais il ne signifie que ce petit poisson quand on le considère avec sang-froid. Mais bon, la police a mobilisé encore une fois beaucoup de flics pour surveiller l'école (les vraies petites filles auraient dû avoir peur!), et on a arrêté cet individu parce que son humour était abscons.
  Toute la leçon qu'on peut tirer de ces histoires est ainsi: "Et les rigolos! Vous ne devez pas préciser date et lieu dans votre annonce humoristique!" C'est tout en effet. Tout ça n'a rien à voir avec la prévention des crimes. Les autorités veulent seulement punir les internautes, a priori méchants et pervers selon elles...

mercredi 16 juillet 2008

Nouveau blog

 J'ai commencé un autre blog sur les mots japonais. Jetez un coup d'oeil si cela vous intéresse.

mardi 15 juillet 2008

Deux néologismes japonais

 Je donne deux exemples des néologismes japonais d'origine occidentale, dont le sens est curieusement dévié de l'acception communément comprise.

CELEB

 Ce mot n'est pas utilisé pour parler des célébrités people en japonais, mais appliqué aux gens qui montrent ostensiblement leur richesse. A la limite, ça parle du bling-bling à la sarko, mais aussi des gens tout simplement aisés. Je suis retourné à mon pays natal l'année dernière après dix ans d'absence, et j'ai été étonné d'entendre ma mère dire "J'ai croisé beaucoup de celebs aujourd'hui!". Elle n'a pas rencontré des stars, mais des personnes riches de ma ville.

MACHO

 Cet exemple est beaucoup plus troublant. Ce mot "macho" n'a pas du tout le sens utilisé par les femmes, voire les féministes, pour critiquer la tendence sexiste des hommes. Mais on l'utilise pour parler des personnes qui ont réussi dans leur vie, avec une nuance plus ou moins péjorative et envieuse. Péjorative, car ce mot sous-entend que ces gens n'ont que le succès dans leur tête.
 Je crains que le faux emploi de ce mot s'avère paradoxalement sexiste, car il attribue le succès social aux hommes. Pour le moment, il n'est utilisé comme l'argot que par les bloggueurs, mais je pense que c'est un exemple assez éloquent qui montre l'incompréhension totale des Japonais envers le féminisme.
 Au début, je ne comprenais pas du tout l'emploi spécial de ce mot dans le blogosphère japonais. Je commence seulement à saisir dans quel sens les bloggueurs japonais l'utilisent. J'ai toujours du mal à comprendre ce terme blogosphérique, car j'ai déjà rencontré un commentaire qui disait "Elle est macho", pour dire que cette personne avait tout fait pour réussir. (Quand j'étais en France, j'étais allergique à Internet, donc je ne connaissais pas du tout le vocabulaire des bloggueurs japonais.)

dimanche 13 juillet 2008

La fin d'une série

 ICHIHARA Etsuko est l'actrice qui joue le rôle de la mère de l'héroïne dans deux films d'IMAMURA Shôhei, La Pluie noire et L'Anguille.

 Comme IMAMURA Shôhei était un réalisateur toujours détesté par les Japonais (mais il a été consacré comme un des meilleurs cinéastes après sa mort, comme d'hab...), elle est surtout connue comme la voix féminine de l'émission pour enfants Manga nippon mukashibanashi (Contes japonais d'antan en manga), dont la voix masculine était TOKITA Fujio, qui a joué également dans les films d'Imamura (le bonze dans L'Anguille). Ces deux voix sont souvent imitées. Manga nippon mukashibanashi n'était pas un dessin animé proprement dits, mais des histoires racontées avec des images statiques (l'action de caméra se limitait au travelling lent sur l'image, je crois). J'en garde un bon souvenir.
 Elle est aussi connue comme l'héroïne de la série télévisée "La femme de ménage a vu!", dont le dernier épisode a été diffusé hier soir. Cette série a continué depuis vingt-cinq ans au rythme d'un épisode par an, mais Ichihara a décidé d'arrêter. Donc, une des plus anciennes séries télévisées au Japon a fini hier soir.
 Ce n'est pas du tout une série de qualité, et je ne l'avais pas vue depuis plus de dix ans, mais le changement du personnage était impressionnant. Autrefois, cette femme de ménage était ambiguë. Elle travaille toujours dans une famille très bourgeoise, mais elle la guérit (ou pas) de la maladie pourrissante avec sa présence particulière. C'est cette présence qui a radicalement changé de caractère. Ce n'était pas quelqu'un de recommandable, bien que professionnel, comme une femme de ménage auparavant, et la mise en scène soulignait son voyeurisme, son bavardage indiscret, et sa malice indécente. En un mot, c'était une série franchement du mauvais goût, qui cependant tirait la force de ce fait.
 Mais qu'est-ce que j'ai vu hier? Cette bonne brillait de bonté, complètement anodine. On ne peut dire que cette sorte de personnages ambigus ait disparu de la "littérature" japonaise, mais ils sont sans doute obligés de rester dans la scène plus ou moins underground désormais (mangas ou films indépendants). A la télé hertzienne, ce n'est plus possible peut-être. On gardait seulement au générique le logo du style magazines à scandales des années 70.
 C'est pareil pour le jidaïgéki (drame de l'époque, série polar avec samouraïs). Les personnages picaresques comme Zatôichi ou Némuri Kyôshirô ne sont plus possibles sur le petit écran.

vendredi 11 juillet 2008

Le crime de l'adultère

 Le crime de l'adultère existe toujours au Japon. L'article n'est officiellement plus en vigueur dans le code civil, mais la sanction sociale est toujours d'actualités.
 Une présentatrice télé est allée dans un hôtel de passe avec un joueur de baseball, marié et avec enfants. Et un magazine voyeuriste a publié l'article sur cette "affaire". Alors l'agence de cette présentatrice lui a demandé d'arrêter le travail au moins temporairement. Bien sûr qu'il n'y a aucune sanction pour l'athlète qui a la chance d'être un homme dans cette société moyenâgeuse. Et nos compatriotes croient que c'est tout à fait normal.
 Le seul espoir dans cette histoire triste est que cette femme est récidiviste. Elle a l'air de ne rien regretter.

dimanche 6 juillet 2008

Sur la liberté japonaise

 Quand les Japonais parlent de la liberté, ils ne savent que dire que les hommes ne sont pas libres. Cela veut donc dire qu'ils se croient qu'ils n'ont pas la liberté pour parler de la liberté. Ils ne peuvent parler librement de la liberté. Qu'ils ne parlent pas de la liberté s'ils veulent la nier. Et pourtant, ils ne peuvent s'empêcher de parler de la liberté qui n'en est pas une. Ils ont tellement peur de la liberté. Ils ont peur que les autres, et même eux-mêmes, ne soient libres. Ainsi disent-ils "la liberté dont tu parles n'est pas une liberté, mais un égoïsme", et ils osent imposer une liberté privée de toute liberté comme la liberté véritable.