vendredi 13 juin 2008

Nous chantons l'air de marche (poème de OGUMA Hidéo)

Ne tiens pas compte de l'immaturité de ton art.
Un poète médiocre
Maudit la langue japonaise...
Aurait-il pu écrire un bon poème
Si par hasard il était né dans l'union soviétique?
Je n'en suis pas sûr.
Il aurait dit :
Le russe n'est pas rythmique, me semble-t-il...
Jamais content,
Où que tu sois né, c'est la même chose,
Ceux qui n'ont pas de passions n'ont pas de chants.
Je vais t'apprendre
Comment le japonais donne le rythme.
Seul celui qui a découvert son ennemi
Fait bouillir son coeur de haine.
Tu es désespéré de la métrique de la langue japonaise.
Et tu prétends écrire des poèmes
Selon la réalité contenue dans la langue.
D'accord, d'accord,
Tu accueilles bien la langue
Seulement quand elle te fait visite accompagnée de rythme.
Tu serais bien content
Si une poule se jetait dans ta casserole
Accompagnée de poireau.
Mais je pense que rien n'ira comme tu t'attends.
Il vaut mieux que tu ailles chercher de nouveaux mots, une nouvelle forme,
En sonnant des cloches et des tambours.
Nous, nous n'avons pas de temps pour cela.
Nous chantons des problèmes d'aujourd'hui
Avec les mots d'aujourd'hui.
Nous les jeunes poètes prolétaires,
Ne soyons pas fatalistes comme eux
A l'égard de la langue.
Qu'ils bégaient pendant non moins de dix mille ans.
Et nous,
Nous ferons épanouir les fleurs du rythme dans la langue japonaise.
Nous tous
Nous chantons l'air de marche.

OGUMA Hidéo est un poète prolétarien (1901-1940). Les poètes japonais modernes se plaignent souvent de ce que leur poésie n'aie pas de rimes comme dans la poésie occidentale.

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