mardi 17 juin 2008

Le JT japonais ne parle pas de l'émeute






 "Aïrin est le seul quartier qui m'ait fait peur au Japon." C'est le témoignage qu'on entend fréquemment.

 Aïrin est un quartier dans l'arrondissement Nishinari à la ville d'Osaka, connu du nombre d'ouvriers qui n'ont pas de boulot fixe. Le niveau de l'éducation est généralement bas, et l'espérance de la vie est la plus courte au Japon. Un petit article sur le site du journal Asahi Shinbun. (En fait, il n'y a que de très petits articles dans les sites des journaux japonais, vu qu'ils croient qu'il est suicidaire de proposer des informations gratuites.)
 L'émeute des ouvriers dans le quartier Aïrin (Kamagasaki) dans l'arrondissement Nishinari, Osaka, ne cesse pas encore au soir du 15 juin. Environ 280 personnes furent assemblées devant le commissariat, et certains individus répétèrent à jeter des pierres. Quatre policiers furent blessés, et le commissariat arrêta un nouvel adolescent de 17 ans pour une entrave au travail des policiers.   Le brouhaha continue depuis trois jours. On compte dorénavant 15 personnes arrêtées et 14 blessées.
 Selon le commissaire, le chef de du comité des travailleurs réunis du quartier Kamagasaki appela à la protestation, prétendant "Des ouvriers ont été victimes de la violence policière", et des personnes rassemblées jetèrent des pierres aux brigadiers. Il y eut beaucoup de jeunes qui semblaient être badauds, dont une partie s'énerva et engagea de petites escarmouches.

 L'histoire qui a été l'origine de la violence policière est assez futile. Je traduis ce que rapporte un blogguer (Les photos sont prises de son site) qui se fonde sur le tract du comité des travailleurs.  Un ouvrier s'est rendu dans un petit restaurant populaire pour commander un okonomiyaki (je dirais une pizza japonaise) pour qu'il l'emporte plus tard. La serveuse lui a répondu "D'accord! D'accord!" d'une façon très sèche. L'ouvrier en question a été un peu choqué par cette attitude, mais il n'a rien dit. Il est retourné au restaurant deux heures plus tard, et il s'est plaint de l'attitude de la serveuse de tout à l'heure. Alors elle a appelé la police (?) pour dire qu'il entravait son activité commerciale. Le tract du comité des travailleurs dit que la serveuse a rendu l'argent à l'ouvrier, et il doute qu'elle n'ait même pas fait l'okonomiyaki commandé.
 Cet ouvrier a été embarqué au commissariat (!). Quatre policiers frappent sa tête, ils l'étranglent et lui donnent des coups de pieds, et s'il s'évanouit un coup de spray, et puis à nouveau de la violence. Enfin ils tiennent ses pieds pour le pendre la tête en bas.
 Les policiers lui ont dit: "On peut faire supprimer ton assistance sociale (une sorte du RMI). Si tu signes ce papier pour promettre que tu ne t'approches plus de ce resto, on te la laisse." Et il a signé.
 Ça, c'est l'origine de l'émeute. Je ne sais trop si le comité des travailleurs raconte sur la violence policière est 100 pour cent vrai, mais l'émeute est une réalité.
 Et la télé n'en parle presque pas du tout. Admettant que le séisme au nord du pays est l'actualité la plus importante du moment, ce silence est incompréhensible, d'autant que ce n'était pas pareil au moment de l'émeute d'Aïrin en 1990.
 Les bloggueurs disent: "Le journalisme japonais est mort." "La télé n'en parle pas, puisque ça ne profite pas à l'audimat." "Ils ont peur des sponsors."

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