jeudi 20 mars 2008

Trois poèmes de Takagi Kyôzô

Elle, ce jour-là...

Sur le sentier où on allait ramasser les bourgeons,
Je me souviens, là-bas, une tourterelle roucoulait.
Au marécage où on allait prendre les pétasites,
Je me souviens, là-bas, un coucou chantait.

Au bord de la rivière où elle m'a répondu pour la première fois,
Sentait l'odeur des roses sauvages,
Dans le bois des pins où elle m'a entendu,
Je me souviens, un tarin des aulnes gazouillait.

Ah! maintenant que tout ça commence à ternir,
A ce crépuscule dans le centre de Tokyo avec sa circulation mouvementée,
Ce que je comprends au fur et à mesure avec le temps est
Ses sentiments qui faisaient jeter les pétales du pissenlit
Une par une, une par une,
A elle, ce jour-là, sur le chemin de retour du bois.


***

Tourterelle orientale

Pétasites japonais

La jeune pousse et le tige sont comestibles. Cette plante ressemble fort à la rhubarbe.

☆☆☆

Eclair sur la rizière

Les grenouilles coassent et il y a éclair sur la rizière,
Mais elle ne sort pas encore.
Il finit par pleuvoir et je suis trempé comme une soupe,
Mais je ne veux plus bouger d'ici à tout jamais.

Comme la pluie se fait violente peu à peu,
Les grenouilles ne coassent plus,
Et il paraît que la nuit tombe,
La lumière de chez elle s'est éteinte.

☆☆☆

L'existence - La nuit du jour du mariage -

Ca, ce n'est que le vent,
C'est les peupliers qui font ce bruit.
Pleure pas.
Pleure pas.
As-tu déjà vu une nouvelle mariée pleurer comme ça?
Pleures-tu puisqu'on n'a pas un sou?
Pourquoi doit-on fêter un mariage aussi misérable?

(C'est comme si tout nous avait été prodigué.)

Même si nos corps maigres se touchent,
Ca ne chauffe pas du tout.
Ah! nous deux,
Nous sommes telles les mouches qui soustraient la lumière du jour.
Fréquenteras-tu le bureau dès demain, habillée de jupe violette et de manteau noir, toi aussi?
On est nouveau mari et nouvelle mariée misérables.
Pleure pas.
Pleure pas.
Il n'y a rien d'effrayant.
Ca, ce n'est que le vent,
C'est les peupliers qui font ce bruit.

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