Les Japonais sont fous d'Obama. Mais cela ne veut pas dire qu'ils soutiennent le Parti Démocrate (tout en restant au Japon), et qu'ils aient la préférence pour lui. Ils s'en foutent complètement. Le système sociétal a réussi a faire pousser l'indifférence politique des Japonais jusqu'à ce qu'ils ne se rendent plus compte qu'Obama est un homme politique. Tout simplement, il y a une petite ville qui s'appelle Obama au bord de la mer du Japon. C'est l'homonymie, non pas l'homme, qui les intéresse, c'est tout. La ville d'Obama fait beaucoup d'Obama goods (ouais, on est au Japon...), en commençant par le Obama T-shirt comme c'est promis, jusqu'à Obama manjû (gâteau fourré), Obama hamburger (avec le poisson de la région)... Les habitants d'Obama veulent qu'on choisisse leur ville comme le lieu des G7, car les G7, c'est les Etats-Unis et leurs acolytes pour les Japonais (généralement, ils n'ont aucune idée de la politique internationale, et je n'exagère pas)... La ville s'appelle Obama, alors elle n'aura aucune chance d'être choisi pour le Sommet, s'il sera le chef d'Etat d'un pays participant. S'ils y réfléchissaient avec un peu de sang-froid, ils le comprendraient. Bon, ce phénomène a l'air anodin, et il y a même des journalistes étrangers qui viennent faire un reportage rigolot. Il paraît que tout le monde est content. Mais est-ce que c'est vraiment anodin? Je n'y crois pas.
Déjà, cette indifférence politique presque cynique ne peut être quelque chose de bien. Et puis, je ne crois pas du tout qu'ils feraient la même chose, si une ville japonaise avait le même nom qu'un candidat caucasien à la présidentielle américaine. Ils croient montrer la sympathie à l'égard de Barack Obama, mais au fond d'eux, ils ont un mépris racial, bien qu'inconscient. Les Japonais étaient fiers d'être "blancs d'honneur" sous l'apartheid sud-africain. Ils montrent seulement le manque de ce fameux respect japonais, pourtant habituel à eux, à l'égard d'Obama. C'est un pays où un journaliste qui présente une émission politique depuis plus de vingt ans ose prononcer au petit écran: "Je ne dois pas le dire, mais Obama est noir." Oui, tu ne dois pas le dire, car j'ai honte qu'un beauf franchouillard à la sauce de soja soit un journaliste reconnu de mon pays. Vous vous demandez peut-être: "Comment ça? Les Japonais n'ont pas la solidarité des gens de couleur?" Mais non. Depuis que Fukuzawa Yukichi, le penseur fondateur de l'idéologie du Japon moderne, a dit qu'il fallait que le Japon soit un pays européen et qu'il sorte de l'Asie, les Japonais véritablement schizophrènes se prennent pour Occidentaux. Je dois dire que ce n'est pas quelque chose de ridicule en soi, et ce fondement idéologique n'est pas loin de la latinisation de Kemal Pacha pour les Turcs. Le journal Marianne s'est moqué une fois de Bolkestein qui a déclaré qu'il était contre la permission d'entrée du Japon à l'UE, tout en s'abstenant de prononcer sur le problème turc, mais c'est une question sérieuse pour certains Japonais.
Je dois ajouter que ce qu'a dit Fukuzawa n'était pas vraiment stupide. Dans les circonstances historiques où il vivait, il a jugé que l'Europe était un continent des pays indépendants, et l'Asie leurs colonnies. S'il a dit qu'il fallait que le Japon soit un pays européen, cela voulait dire qu'il devait garder son indépendance, et sa pensée a bien eu une utilité historique dans la situation urgente juste après l'ouverture des frontières du pays. Mais maintenant, les soi-disant héritiers de la pensée de Fukuzawa ne comprennent plus ce que le penseur voulait dire, tout comme les islamistes qui insistent à comprendre le Coran à la lettre, voire à leur façon arbitraire.
Personne n'est conscient de ce racisme subreptice des Japonais envers la personne d'Obama, même ces journalistes américains et européens qui viennent parler de la fièvre de la ville d'Obama, qui se moquent à leur tour, consciemment ou non, de la niaiserie des Japonais, fous d'Obama, mais qui ne comprennent rien du tout à la politique.
Article précédent: Fleurs de colza
Déjà, cette indifférence politique presque cynique ne peut être quelque chose de bien. Et puis, je ne crois pas du tout qu'ils feraient la même chose, si une ville japonaise avait le même nom qu'un candidat caucasien à la présidentielle américaine. Ils croient montrer la sympathie à l'égard de Barack Obama, mais au fond d'eux, ils ont un mépris racial, bien qu'inconscient. Les Japonais étaient fiers d'être "blancs d'honneur" sous l'apartheid sud-africain. Ils montrent seulement le manque de ce fameux respect japonais, pourtant habituel à eux, à l'égard d'Obama. C'est un pays où un journaliste qui présente une émission politique depuis plus de vingt ans ose prononcer au petit écran: "Je ne dois pas le dire, mais Obama est noir." Oui, tu ne dois pas le dire, car j'ai honte qu'un beauf franchouillard à la sauce de soja soit un journaliste reconnu de mon pays. Vous vous demandez peut-être: "Comment ça? Les Japonais n'ont pas la solidarité des gens de couleur?" Mais non. Depuis que Fukuzawa Yukichi, le penseur fondateur de l'idéologie du Japon moderne, a dit qu'il fallait que le Japon soit un pays européen et qu'il sorte de l'Asie, les Japonais véritablement schizophrènes se prennent pour Occidentaux. Je dois dire que ce n'est pas quelque chose de ridicule en soi, et ce fondement idéologique n'est pas loin de la latinisation de Kemal Pacha pour les Turcs. Le journal Marianne s'est moqué une fois de Bolkestein qui a déclaré qu'il était contre la permission d'entrée du Japon à l'UE, tout en s'abstenant de prononcer sur le problème turc, mais c'est une question sérieuse pour certains Japonais.
Je dois ajouter que ce qu'a dit Fukuzawa n'était pas vraiment stupide. Dans les circonstances historiques où il vivait, il a jugé que l'Europe était un continent des pays indépendants, et l'Asie leurs colonnies. S'il a dit qu'il fallait que le Japon soit un pays européen, cela voulait dire qu'il devait garder son indépendance, et sa pensée a bien eu une utilité historique dans la situation urgente juste après l'ouverture des frontières du pays. Mais maintenant, les soi-disant héritiers de la pensée de Fukuzawa ne comprennent plus ce que le penseur voulait dire, tout comme les islamistes qui insistent à comprendre le Coran à la lettre, voire à leur façon arbitraire.
Personne n'est conscient de ce racisme subreptice des Japonais envers la personne d'Obama, même ces journalistes américains et européens qui viennent parler de la fièvre de la ville d'Obama, qui se moquent à leur tour, consciemment ou non, de la niaiserie des Japonais, fous d'Obama, mais qui ne comprennent rien du tout à la politique.
Article précédent: Fleurs de colza
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire