Si vous êtes intéressé par le Japon, je pense que le nom de Yasukuni ne vous est pas étranger. Même si vous ne connaissez pas ce nom, vous avez probablement entendu parler du sanctuaire où les criminels de la Deuxième Guerre mondiale sont vénérés. L’ex premier ministre Koïzumi s’y est rendu pour leur rendre un culte en tant qu’homme public, ce qui a attiré la critique violente des pays asiatiques, surtout la Chine et la Corée du Sud, à tel point que cet acte a détérioré les rapports diplomatiques. Il faut que je dise que le sanctuaire de Yasukuni est un temple shintoïste de deuxième classe, qui n’a pas vraiment un statut religieux important, mais qu’il a un caractère politique et idéologique. D’ailleurs, on dit qu’Hirohito, le chef religieux du shintoïsme, ne voulait pas que ces criminels de guerre soient enterrés dans un sanctuaire shintoïste...
Maintenant que Fukuda sinophile est le premier ministre, on attendait que les relations entre l’Asie et le Japon commenceraient à regagner le terrain perdu, mais voilà qu’une affaire ennuyeuse surgit.
Un réalisateur chinois a tourné un documentaire intitulé Yasukuni, et sa sortie était programmée pour le 12 avril. Mais les microbus de l’extrême droite ont protesté à la sortie du film avec leurs haut-parleurs étourdissants, et les salles de cinéma ont décidé de l’annuler pour le confort des clients. Mais bien sûr...
Donc, ce n’est pas du tout la censure par l’Etat, qui ne la veut pas d’ailleurs, mais l’autocensure par le racisme au quotidien. Vous avez tort d’imaginer que les gens qui travaillent dans le domaine culturel soient généralement antiracistes au Japon. Peut-être le sont-ils au fond du coeur, mais ils sont tellement pusillanimes et conformistes.
Ces gens d’extrême droite n’ont pas vu le film, cela va sans dire. Un film intitulé Yasukuni, réalisé par un Chinois, c’est déjà une lèse-majesté pour eux. Mais il est bien étrange que personne ne dise si c’est un bon film ou pas. Peut-être que personne ne l’a vu. Une députée du Parti Libéral-Démocrate qui a vu ce film se prend pour un Voltaire: "L’idéologie de ce documentaire n’est pas compatible avec la mienne, mais le Japon est un pays où la liberté d’expression est assurée." C’est carrément consternant que personne ne risque sa "vie" de peur des mafieux. Le Japon est l’empire de l’autocensure. Vous n’imaginez pas à quel point les gens d’extrême droite sont puissants en puissance au Japon.
Au fait, si les Français sont critiques à l’égard des JO de Pékin, c’est souvent par le souci des droits de l’homme, mais c’est un peu différent au Japon. Le dimanche suivant l’oppression des Tibétains, il y a eu quelques manifestations organisées par les groupes d’extrême droite anti-chinois, qui ont commencé par chanter leur hymne national. Non, ils ne pensaient pas du tout aux Tibétains, c’était seulement un prétexte. On dit qu’ils se sont rassamblés longuement devant l’ambassade de la Corée du Sud pour réclamer l’île Takéshima (Tokdo en coréen) occupée par les Coréens. Vous essayerez en vain de les comprendre. Pour vous rassurer, je dis que les manifestations "normales" ont eu plus de participants que ces groupes.
J’ai déjà parlé de l’hymne et du drapeau prétendument nationaux. Ce sont des trucs d’extrême droite pour moi, parce que ce sont des emblêmes du Grand Empire du Japon (1889-1947), contenant la péninsule de Corée, Taïwan, la Sakhaline du Sud et les îles Kouriles comme territoire. Je ne les approuve pas, surtout qu’ils n’ont été "légalisés" qu’en 1999, un grand pas en arrière pour le Japon. Et le gouverneur de Tokyo licencie les enseignants des écoles publiques qui ne sont pas debout pour chanter ce soi-disant hymne national à la cérémonie depuis l’officialisation de ces hymne et drapeau. Je ne plaisante pas.
P.S. Article de Philippe Pons dans Le Monde
Ce sont les salles de Tokyo qui ont annulé la sortie, et on a décidé autrement pour d’autres villes. Je commence à avoir un grand doute. Est-ce que ce n’est pas une nouvelle promotion? Une façon rusée de faire parler d’un documentaire, dont on ne peut s’attendre à un succès commercial normalement? Ne va-t-on pas sortir le film même à Tokyo dans quelques semaines?
Article précédent: Procès d'Oé Kenzaburô
Maintenant que Fukuda sinophile est le premier ministre, on attendait que les relations entre l’Asie et le Japon commenceraient à regagner le terrain perdu, mais voilà qu’une affaire ennuyeuse surgit.
Un réalisateur chinois a tourné un documentaire intitulé Yasukuni, et sa sortie était programmée pour le 12 avril. Mais les microbus de l’extrême droite ont protesté à la sortie du film avec leurs haut-parleurs étourdissants, et les salles de cinéma ont décidé de l’annuler pour le confort des clients. Mais bien sûr...
Donc, ce n’est pas du tout la censure par l’Etat, qui ne la veut pas d’ailleurs, mais l’autocensure par le racisme au quotidien. Vous avez tort d’imaginer que les gens qui travaillent dans le domaine culturel soient généralement antiracistes au Japon. Peut-être le sont-ils au fond du coeur, mais ils sont tellement pusillanimes et conformistes.
Ces gens d’extrême droite n’ont pas vu le film, cela va sans dire. Un film intitulé Yasukuni, réalisé par un Chinois, c’est déjà une lèse-majesté pour eux. Mais il est bien étrange que personne ne dise si c’est un bon film ou pas. Peut-être que personne ne l’a vu. Une députée du Parti Libéral-Démocrate qui a vu ce film se prend pour un Voltaire: "L’idéologie de ce documentaire n’est pas compatible avec la mienne, mais le Japon est un pays où la liberté d’expression est assurée." C’est carrément consternant que personne ne risque sa "vie" de peur des mafieux. Le Japon est l’empire de l’autocensure. Vous n’imaginez pas à quel point les gens d’extrême droite sont puissants en puissance au Japon.
Au fait, si les Français sont critiques à l’égard des JO de Pékin, c’est souvent par le souci des droits de l’homme, mais c’est un peu différent au Japon. Le dimanche suivant l’oppression des Tibétains, il y a eu quelques manifestations organisées par les groupes d’extrême droite anti-chinois, qui ont commencé par chanter leur hymne national. Non, ils ne pensaient pas du tout aux Tibétains, c’était seulement un prétexte. On dit qu’ils se sont rassamblés longuement devant l’ambassade de la Corée du Sud pour réclamer l’île Takéshima (Tokdo en coréen) occupée par les Coréens. Vous essayerez en vain de les comprendre. Pour vous rassurer, je dis que les manifestations "normales" ont eu plus de participants que ces groupes.
J’ai déjà parlé de l’hymne et du drapeau prétendument nationaux. Ce sont des trucs d’extrême droite pour moi, parce que ce sont des emblêmes du Grand Empire du Japon (1889-1947), contenant la péninsule de Corée, Taïwan, la Sakhaline du Sud et les îles Kouriles comme territoire. Je ne les approuve pas, surtout qu’ils n’ont été "légalisés" qu’en 1999, un grand pas en arrière pour le Japon. Et le gouverneur de Tokyo licencie les enseignants des écoles publiques qui ne sont pas debout pour chanter ce soi-disant hymne national à la cérémonie depuis l’officialisation de ces hymne et drapeau. Je ne plaisante pas.
P.S. Article de Philippe Pons dans Le Monde
Ce sont les salles de Tokyo qui ont annulé la sortie, et on a décidé autrement pour d’autres villes. Je commence à avoir un grand doute. Est-ce que ce n’est pas une nouvelle promotion? Une façon rusée de faire parler d’un documentaire, dont on ne peut s’attendre à un succès commercial normalement? Ne va-t-on pas sortir le film même à Tokyo dans quelques semaines?
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