jeudi 4 septembre 2008

Question existentielle...

 Suite à l'affaire de Wakanohô qui gardait une cigarette au cannabis dans son porte-feuille, l'association du sumo a effectué un test surprise d'urine des sumotoris. Elle l'a fait pour regagner la confiance des fans, mais il y a eu deux sumotoris russes qui s'avéraient être positifs. C'est la consternation totale! (Ils s'appellent Rohô (露鵬) et Hakurozan (白露山). Ce sont des frères. Le kanji 露 (ro) veut dire la Russie dans ce cas (l'autre sens de ce signe est la rosée), et leurs noms veulent dire respectivement à peu près, "Phénix russe" et "Montagne de Russie blanche". Il y a aucune allusion aux Russes blancs pour celui-ci, mais je dois toutefois admettre qu'un nom "Montagne de Russie rouge" ne serait pas possible pour un lutteur du sport national au Japon.)
 Certains parlent de l'infraction des droits de l'homme concernant ce test. D'ailleurs, il n'est que simplifié, il peut bien détecter d'autres choses que la trace de cannabis, mais on assiste déjà au lynchage médiatique.
 C'est une émission d'NHK qui m'a fait froid au dos. Elle analysait cette affaire, mais un commentaire du journaliste présentateur m'a profondément choqué. "Dès que les étrangers ont choisi de vivre au Japon, ils ne doivent pas dire ce qu'ils pensent ni faire ce qu'ils veulent. Il faut qu'ils vivent comme les Japonais." Pourtant, ce n'est pas une émission réservée aux nationalistes, NHK est une chaîne nationale, mais pas nationaliste, et le journaliste d'NHK est censé être neutre.
 Je continue à me poser la question depuis longtemps "Mais que font les prud'hommes japonais?", car ils ne donnent jamais aucun avertissement aux entreprises dont les employés souffrent des heures supplémentaires excessives. Du moins n'en ai-je jamais entendu parler, bien qu'on connaisse bein leurs souffrances. Voilà la vérité. Ils ne font pas ce qu'ils veulent faire, ils n'osent pas dire ce qu'ils pensent, et ils adoptent cette façon de penser comme la seule façon de vivre possible au Japon. On ne peut dire qu'il n'y ait pas de mécontentement, mais en tout cas, il n'y a généralement pas un signe de travail forcé, vu que ce n'est qu'une servitude tout à fait volontaire...
 D'ailleurs, je savais bien que la franchise n'était pas une vertu au Japon. Déjà, j'ai beaucoup de mal à communiquer avec mes compatriotes à cause de ma franchise pourtant non excessive, mais je ne savais pas que je n'étais pas japonais! En effet, pas mal d'amis japonais me critiquaient souvent en disant "Tu dis ce que tu penses, mais c'est pas comme ça qu'il faut vivre!". Je n'en tenais pas compte, je ne m'en rendais pas compte, car je ne suis pas aussi franc qu'ils s'imaginaient en tout cas, mais c'était bien une règle d'or non écrite au Japon! Je comprends maintenant pourquoi ils étaient aussi énervés à mon égard! Alors, comment j'ai pu vivre sans le réaliser jusqu'à aujourd'hui! J'ai vécu au Japon pendant trente ans tout de même! Chapeau à moi-même! Ce que j'ai été bête d'avoir eu la fantaisie de retourner à mon pays natal! Du coup, je me trouve vraiment crétin. (Ne vous inquiétez pas, j'exagère un peu...)
 Une fois que tu choisis de vivre COMME LES AUTRES, le Japon te paraît une société saine. Il EST bien une société saine peut-être. C'est moi qui manque d'intelligence, parce que je ne comprends toujours pas ce que peuvent être LES AUTRES. Vous direz peut-être, c'est un peu pareil partout ailleurs, mais je parie que vous n'entendez jamais ce propos à la télé de la chaîne nationale: "Faire ce qu'on veut faire n'est pas notre façon de vivre, différemment des étrangers individualistes". Certains d'entre vous diraient "Que c'est chouette de vivre dans une telle société!". Mouais, c'est chouette pour certains, même pour la plupart, mais franchement, moi, j'ai du mal.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Il semble que pour les rikishi, il n'y a pas de limite entre vie professionnelle et vie privee. Asashoryu avait bien recu comme punition de ne pas avoir le droit de sortir de chez lui ? C'est assez etonnant, et ca ne m'etonne pas qu'on fasse une depression quand on est traite comme un enfant qui s'est mal conduit...

Comment peut-on dire "lynchage mediatique" en japonais ?

fisaxij a dit…

Bonne question, mais je ne vois pas d'expression qui y correspondrait. (メディアによるいじめ、いびり, ce n'est que des traductions possibles qu'on n'entend pas.) Il me semble que le média japonais n'a aucune capacité d'autocritique. D'ailleurs, je trouve étonnant et bizarre qu'il n'y ait aucun journaliste dissident des grands quotidiens qui fonde un site d'Internet pour un journalisme plus libre... Le média officiel stigmatise la Toile comme l'espace du mal, et personne ne tente cette aventure.