mercredi 24 septembre 2008

Le silence de Nonaka

 Enfin, Nonaka Hiromu n'a pas bougé. L'année dernière, il a parlé d'un coup d'Etat d'Asô après la démission surprise d'Abé, et mis la barrière contre Asô. Pourquoi n'a-t-il rien fait cette fois-ci? On peut supposer plusieurs raisons.
  1. Vu que le PLD a déjà changé deux fois de premier ministre sans élections, le prochain président du PLD se voit obligé de dissoudre la chambre des représentants, dès qu'il sera élu par les membres du parti. Si par hasard les électeurs donnent la majorité au PLD dont le président est Asô, Nonaka n'aura rien à dire contre la voix du peuple.
  2. La critique monte: "le PLD ne nous dit rien et il nous cache tout". Les anciens du PLD ont bien de bonnes raisons pour empêcher Asô d'être le président du parti, mais déjà les adhérents de provinces ne comprennent plus la logique des anciens du parti. Par conséquent, Nonaka ne peut plus continuer à manipuler, même si sa volonté est bienveillante pour le peuple japonais.
  3. Nonaka est officiellement à la retraite. Il n'ose plus intervenir activement à la vie politique.
  4. Asô est trop populaire et en plus, il insiste. C'est la quatrième fois qu'il se présente aux élections du président du parti. Nonaka en a marre.
 Mais je ne peux croire que Nonaka en a marre.
 Nonaka, homme politique issu d'une famille de parias, était souvent objet de la discrimination même (ou surtout?) dans le monde politique. Asô aurait dit à son insu "On ne peut le laisser être le premier ministre du Japon, car c'est un paria" et trois députés témoignent qu'il l'a bien dit. Mais Asô l'a nié au Parlement.
 Un livre sur Nonaka fait le témoignage de son dernier mot comme un homme politique. Il a été adressé à Asô à la fin du conseil général du PLD en 2003. Il a bien affirmé que ce serait son dernier mot avant de se lancer. "Monsieur Asô, vous avez dit "On ne peut laisser un paria comme Nonaka être le premier ministre du Japon" à la réunion de votre groupe. Trois députés qui se trouvaient là me l'ont bien confirmé. Et maintenant un homme comme vous dirige les mesures politiques de notre parti, et vous serez désormais un ministre. Si c'est comme ça, il n'y a aucune possibilité d'éducation des droits de l'homme! Je ne vous pardonnerai jamais!" Et Asô ne pouvait rien répondre, il était tout rouge, la tête baissée.
 Donc, je ne pense pas que Nonaka peut en avoir assez d'Asô. Mais je soupçonne que c'est une sorte de démission, face à la marée de popularité qui favorise ce crétin.
 Une autre actualité politique qui montre l'air du temps: KÔNO Yôhei, le président actuel de la chambre des représentants a annoncé sa retraite, et il ne se présentera pas aux prochaines élections. Kôno était le seul président du PLD qui n'avait jamais été le premier ministre. Les gens d'extrême-droite le qualifient de traître, car il a reconnu l'existence des esclaves sexuelles de l'armée japonaise pendant la Deuxième Guerre mondiale. Kôno fuit aussi le monde politique, inerte devant la popularité d'Asô. Déjà, le premier ministre Fukuda était connu comme un sinophile, d'où il puisait une part de son impopularité. Les Japonais préfèrent Asô à la xénophobie filtrée. Chrétien, il adore les Occidentaux, mais il méprise les Asiatiques. Et peut-être que la démocratie japonaise peut priser cette sorte d'hommes politiques. Malheureusement.
 Mais Nonaka n'a pas été complètement silencieux pendant ces jours-ci. Il a donné une conférence le 20 septembre à Kobé. Il a parlé du mémorial du massacre à Nankin, et dit qu'il était important que les Japonais les plus nombreux possibles y rendent visitent pour comprendre l'histoire et approfondir l'amitié sino-japonaise. Il a raconté son rêve d'une union des pays d'Asie de l'est, avec la Chine, les deux Corées, la Russie et le Japon. Personne n'y prête attention, à moins de le persifler pour son irréalisme. En même temps, la naissance du gouvernement d'Asô semble être plutôt bien accueillie par le public.
 Le Japon vit une période très difficile qui constate la défaite de l'idéalisme devant le cynisme. Certains députés du PLD auraient qualifié le nouveau gouvernement d'Asô, fraîchement né aujourd'hui, du cabinet "Je suis le héros". Tant mieux, ce n'est pas le gouvernement "Je suis le dictateur" au moins.

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