vendredi 21 mars 2008

Toni Negri ne peut entrer au territoire japonais

Le philosophe italien Toni Negri allait venir au Japon du 20 mars au 4 avril. L'ambassade du Japon à Paris n'y avait pas trouvé de problème au début, mais elle a soudain changé d'attitude. Pour les sortants de l'Union européenne, le Japon ne demande généralement pas de visa pour un séjour court. (Enfin, c'est ce que je comprends. Désolé, si je me trompe.) Donc, on lui avait dit qu'il n'avait pas besoin de visa, mais Tokyo le lui a demandé de déposer le dossier pour l'obtention du visa le 17 mars. (La loi n'a pas changé pendant ce temps.) Il l'a déposé le jour même dans la hâte, mais le document administratif sur son passé a été exigé le lendemain. Comme Negri se trouve actuellement en France, il ne l'a pas sur lui, donc il devait renoncer à ce voyage. Il lui faut absolument un document qui prouve officiellement que c'était un criminel politique, sans quoi l'immigration japonaise ne peut pas accepter son entrée au Japon. Mais il y a un grand doute que ce document existe vraiment. Le robotisme des fonctionnaires japonais est à déplorer, mais je ne croyais pas qu'il était à tel point. Ce n'est pas le ministère des affaires étrangères, mais le ministère de la justice (auquel la police et l'immigration appartient) qui s'y est opposée.
Au fait, les Japonais sont très souvent allergiques aux "Rouges", malgré le passé qu'ils les persécutaient pendant la Deuxième Guerre mondiale comme les ennemis imaginaires et intérieurs. (Peut-être que l'emploi de la préposition "malgré" n'est pas approprié ici.) Il y a quelques mois, un moine bouddhiste sympathisant communiste a été déclaré coupable de la violation de domicile, pour avoir distribué des tracts du PCJ dans une résidence. Normalement, il n'y a pas de personnes pour porter plainte dans ce cas. Tout simplement, le nom du parti communiste était marqué sur ce qu'il avait dans sa main, quelqu'un a appelé la police pour cela. Je ne dirai pas que la police et le juge soient anticommunistes, car c'est une dégénérescence du raisonnement. (Malheureusement, les bien-pensants de gauche adoptent souvent cette façon de penser.) C'est le robotisme inhumain, qui n'a rien à voir avec idéologie politique, qui doit être mis en cause ici.

Je travaillais pendant un an à l'immigration de Tokyo quand j'étais étudiant. Comme la condition de détention était très mauvaise, même les détenus dont un seul coup de téléphone pouvait résoudre le problème devaient attendre leur tour pendant quelques semaines dans la maison. Il était carrément interdit de le faire, mais il m'arrivait des fois de téléphoner à leur lieu pour les personnes sympathiques, en cachette de chez moi.
Une fois, un Iranien m'a demandé d'appeler sa "petite amie" compatriote qui allait l'aider, donc je l'ai appelée. Au début, elle me posait beaucoup de questions pour savoir qui j'étais, donc je lui ai expliqué sincèrement ce que je faisais pour aider les détenus. Alors, elle m'a répondu. "Vous êtes formidable. Continuez à aider ces gens-là. Mais je suis désolée, pour l'homme dont vous parlez, c'est une exception. Il le dit à tout le monde, mais il n'a jamais été mon petit ami, il me harcèle depuis tout le temps en revanche. C'est moi qui l'ai dénoncé à l'immigration, car je ne pouvais plus le supporter. Mais ce que vous faites est bien, il faut que vous continuiez à le faire." Cette histoire m'a carrément déprimé, surtout parce que cette femme était vraiment sincère et sympathique au téléphone. Comment je peux cerner les psychopathes harceleurs de leur physique? Il avait l'air normal pourtant. Je ne savais plus, donc d'un coup je n'ai plus jamais accepté de donner un coup de main comme ça, à moins que je ne fournisse un petit goûter pour les détenus sympa.
L'immigration japonaise a jeté Paul MacCartney dans cette prison pour un petit bout de H. Les Japonais appliquent la loi à tout le monde sans jamais tenir compte des particularités des personnages. Ni le musicien ni le philosophe mondialement connus ne font pas d'exceptions. Il y a très peu de gens comme moi qui n'hésitent pas à montrer la préférence au travail. (J'admets que ce n'est pas quelque chose à se vanter.) C'est pour cela que je dis que le policier et le juge pour l'affaire du moine rouge ne doivent pas forcément être anticommunistes. Ils sont trop impartiaux jusqu'à frôler le soupçon d'être des robots.

Article précédent: Coing (poème de Takagi Kyôzô)

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