Traduction d'un article du journal Asahi Shinbun, le 5 octobre 2008
« Ils nous jugent selon nos apparences. Ils nous soupçonnent puisque nous ne sommes pas japonais. » Ali Nusrat, 46 ans, résident pakistanais dans le département de Saïtama, a enfin pété le câble lorsqu'il a été interpellé par un policier près de chez lui, qui lui a demandé: « Qu'est-ce que vous faites ici? »
Il est arrivé au Japon il y a vingt ans et il a bien son titre de séjour. Mais dès l'année dernière, des occasions d'interpellation policière se présentent soudain plus nombreuses qu'avant, et il arrive qu'il soit interrogé sept jours de suite. Il était au courant de ce que la surveillance était sévère pour le sommet de G8, mais il ne peut s'empêcher de se dire: « Mais c'est trop. »
Il adorait le Japon depuis son enfance. Il connaît beaucoup de gens sympathiques. Mais il sens que le regard envers les étrangers s'est fait sévère depuis le terrorisme du 11 septembre. Un agent immobilier lui a dit: « Ici, nous ne voulons pas d'étrangers. » Quand il a accompagné un ami brésilien dans un hôpital, l'accueil lui a refusé la consultation: « Excusez-nous, mais pas d'étrangers ici. »
Un Américain de 44 ans qui séjourne au Japon depuis 23 ans est allé dans un restaurant des yakitori (brochettes) à Tokyo avec un copain venu des Etats-Unis pour le tourisme. Personne ne vient les servir. Il a appelé en disant « sumimasen » (« Excusez-moi ») une femme qui devait être gérante, qui lui a répondu: « Pas d'étrangers ici! » Ce fut un choc. « Si cela se passait aux Etats-Unis, j'appellerais la police tout de suite. Mais comme il n'y a pas de loi antiraciste au Japon, personne ne s'occupe de nous. »
C'est en 1998 qu'un établissement de station thermale (onsen) à Otaru (Hokkaïdô) mit une affiche « Interdit aux étrangers ». Le tribunal jugea qu'il s'agissait d'une discrimination, et prononça l'ordre du dédommagement à l'établissement. Cependant, les étrangers résidant au Japon éprouvent les différentes discriminations même aujourd'hui. Les enseignes « Interdit aux étrangers » sont loin de disparaître, et il y a des bains publics qui demandent l'entrée plusieurs fois plus chère aux étrangers qu'aux Japonais.
« S'ils sont inquiets de ce que les étrangers ne respectent pas les civilités, ils doivent clarifier les règles et refuser ceux qui les rompent. Ce n'est pas la question de couleur de peau ou de nationalité. Maintenant que le Japon a besoin des ressources humaines étrangères, c'est le respect strict des droits des étrangers qui sera un important message de bienvenue. », remarque David Aldo (Aldwinckle), professeur assistant d'origine américaine à l'Ecole informatique d'Hokkaïdô, plaignant de l'affaire du refus de baignade.
NdT: Il faut que j'ajoute que David Aldo est un objet de polémique, surtout de la part des étrangers nipponophiles, qui le considèrent comme quelqu'un qui veut imposer les valeurs occidentales aux Japonais (on peut le sentir au passage: « Il faut que les Japonais clarifient les règles »). Par exemple, il a porté plainte contre la police qui l'avait interrogé sans raison au moment du sommet de G8, mais certains témoignages disent qu'il flânait autour des policiers avec un magnétophone jusqu'à ce que quelqu'un l'interpelle. D'autre part, ce qui m'embête toujours est l'anonymat propre au journalisme japonais. Comme presque personne ne signe les articles, ils sont souvent irresponsables. Mise à part l'absence d'aucune nuance pour David Aldo, cet article ne satisfait pas la curiosité des lecteurs indécents comme moi. « Mais de quelle couleur de peau était ces Américains au restaurant de yakitori? » (D'ailleurs, je ne sais trop pourquoi cet Américain ne porte pas de nom dans cet article, tandis que le Pakistanais s'appelle Ali Nusrat. S'agit-il d'un pseudonyme ou non? On ne sait jamais. (Généralement, on ne publie pas le vrai nom dans cette sorte d'articles, mais il n'y a aucune indication que c'est un pseudonyme.) Je répète que je déteste ce journal bien-pensant, ou déjà une caricature de la bien-pensance. Mais en tout cas, cet article ne manque pas d'intérêt, je crois.)
« Ils nous jugent selon nos apparences. Ils nous soupçonnent puisque nous ne sommes pas japonais. » Ali Nusrat, 46 ans, résident pakistanais dans le département de Saïtama, a enfin pété le câble lorsqu'il a été interpellé par un policier près de chez lui, qui lui a demandé: « Qu'est-ce que vous faites ici? »
Il est arrivé au Japon il y a vingt ans et il a bien son titre de séjour. Mais dès l'année dernière, des occasions d'interpellation policière se présentent soudain plus nombreuses qu'avant, et il arrive qu'il soit interrogé sept jours de suite. Il était au courant de ce que la surveillance était sévère pour le sommet de G8, mais il ne peut s'empêcher de se dire: « Mais c'est trop. »
Il adorait le Japon depuis son enfance. Il connaît beaucoup de gens sympathiques. Mais il sens que le regard envers les étrangers s'est fait sévère depuis le terrorisme du 11 septembre. Un agent immobilier lui a dit: « Ici, nous ne voulons pas d'étrangers. » Quand il a accompagné un ami brésilien dans un hôpital, l'accueil lui a refusé la consultation: « Excusez-nous, mais pas d'étrangers ici. »
Un Américain de 44 ans qui séjourne au Japon depuis 23 ans est allé dans un restaurant des yakitori (brochettes) à Tokyo avec un copain venu des Etats-Unis pour le tourisme. Personne ne vient les servir. Il a appelé en disant « sumimasen » (« Excusez-moi ») une femme qui devait être gérante, qui lui a répondu: « Pas d'étrangers ici! » Ce fut un choc. « Si cela se passait aux Etats-Unis, j'appellerais la police tout de suite. Mais comme il n'y a pas de loi antiraciste au Japon, personne ne s'occupe de nous. »
C'est en 1998 qu'un établissement de station thermale (onsen) à Otaru (Hokkaïdô) mit une affiche « Interdit aux étrangers ». Le tribunal jugea qu'il s'agissait d'une discrimination, et prononça l'ordre du dédommagement à l'établissement. Cependant, les étrangers résidant au Japon éprouvent les différentes discriminations même aujourd'hui. Les enseignes « Interdit aux étrangers » sont loin de disparaître, et il y a des bains publics qui demandent l'entrée plusieurs fois plus chère aux étrangers qu'aux Japonais.
« S'ils sont inquiets de ce que les étrangers ne respectent pas les civilités, ils doivent clarifier les règles et refuser ceux qui les rompent. Ce n'est pas la question de couleur de peau ou de nationalité. Maintenant que le Japon a besoin des ressources humaines étrangères, c'est le respect strict des droits des étrangers qui sera un important message de bienvenue. », remarque David Aldo (Aldwinckle), professeur assistant d'origine américaine à l'Ecole informatique d'Hokkaïdô, plaignant de l'affaire du refus de baignade.
NdT: Il faut que j'ajoute que David Aldo est un objet de polémique, surtout de la part des étrangers nipponophiles, qui le considèrent comme quelqu'un qui veut imposer les valeurs occidentales aux Japonais (on peut le sentir au passage: « Il faut que les Japonais clarifient les règles »). Par exemple, il a porté plainte contre la police qui l'avait interrogé sans raison au moment du sommet de G8, mais certains témoignages disent qu'il flânait autour des policiers avec un magnétophone jusqu'à ce que quelqu'un l'interpelle. D'autre part, ce qui m'embête toujours est l'anonymat propre au journalisme japonais. Comme presque personne ne signe les articles, ils sont souvent irresponsables. Mise à part l'absence d'aucune nuance pour David Aldo, cet article ne satisfait pas la curiosité des lecteurs indécents comme moi. « Mais de quelle couleur de peau était ces Américains au restaurant de yakitori? » (D'ailleurs, je ne sais trop pourquoi cet Américain ne porte pas de nom dans cet article, tandis que le Pakistanais s'appelle Ali Nusrat. S'agit-il d'un pseudonyme ou non? On ne sait jamais. (Généralement, on ne publie pas le vrai nom dans cette sorte d'articles, mais il n'y a aucune indication que c'est un pseudonyme.) Je répète que je déteste ce journal bien-pensant, ou déjà une caricature de la bien-pensance. Mais en tout cas, cet article ne manque pas d'intérêt, je crois.)
2 commentaires:
Ils ont tous vecu assez longtemps au Japon. Il n'y a aucune relation de tels faits vis-a-vis de touristes ?
Bien sur, plus on passe de temps sur place, plus on a de probabilite de tomber sur des imbeciles.
Un jour, quand je rentrais dans un restaurant d'okonomiyaki presque vide a Kyoto, on m'a dit, en japonais, "ici, on ne sert pas de la bouffe a des porcs", pour me dire de ne pas entrer.
Personellement, je m'en fiche. J'ai immediatement compris que l'endroit appartient a des abrutis et que je gagnerai du temps a l'eviter, ce qui est une information utile.
Pareil pour la recherche d'appartements, mais je pourrais passer des heures a raconter ce qui m'est arrive.
Ce n'est pas tellement grave, la presence d'idiots dans une population. Ce qui est inquietant, c'est le fait qu'il n'y a aucune conscience publique ou loi pour prevenir ca.
Il est vrai que je n'entende que de bonnes impressions du Japon de la part des touristes, et c'est assez étrange. Ce qui est vraiment lamentable, c'est l'éducation. Même les gens très cultivés risquent d'expliquer le mal du racisme par la réciprocité. "Tu dois bien traiter les étrangers, si tu ne veux pas subir la racisme à l'étranger." D'ailleurs, les Japonais ont tendance à croire que le racisme n'est qu'un accroc à l'amour-propre.
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